La comtesse est une excellente surprise et surtout la preuve que la France peut encore sortir de très belles choses.
Bon, il est vrai que le film fait plus américain qu'autre chose au point de vue de la mise en scène. Un vrai travail sur la photo, des plans classiques, mais rappelant plus un film américain plutôt que français. Pas étonnant, Julie Delpy possède la double nationalité et a travaillé avec quelques gars outre-Atlantique.
Point de vue scénario, faut avouer que la jeune femme a bien bossé à ce niveau. Se basant donc d'une histoire vraie (celle de la comtesse hongroise dont je vous épargnerai le nom), elle pose d'emblée la base: pas question d'avoir une oeuvre fidèle historiquement. Le narrateur (un des personnages que l'on voit à l'écran également) y fait clairement allusion. Des vérités historiques, mais également des choses que l'on n'a jamais pu prouver. C'est en partant d'un échec amoureux que la comtesse commence petit à petit à se rendre compte qu'elle vieillit, que des rides se forment sur sa peau. S'ensuit alors un refus de vieillir et le fait que la jeune femme sombre alors littéralement dans une folie meurtrière. Pour se faire, Delpy sait montrer des scènes qui dégoûtent et qui choquent, mais n'en montre non plus jamais trop. Préférant suggérer pour les séquences les plus difficiles que montrer. Outre, la folie et le refus de vieillir, Delpy cadre parfaitement bien le personnage par rapport à son époque. La religion et les enjeux politiques ne sont pas oubliés et sont toujours sous-jacents. Dans le cas de la comtesse, vraiment folle, Delpy semble dire qu'elle agit en le faisant pour Dieu, mais qu'en réalité sa croyance n'est là que pour masquer une forme de réalité, celle que Dieu n'existe pas car il ne l'aurait alors jamais laissée vieillir... Les personnages secondaires contrebalancent plutôt ce point de vue.
En plus d'être derrière la caméra, Delpy y est devant. Il faut avouer qu'elle joue son rôle très bien et qu'elle est loin devant certaines actrices françaises pourtant plus connues du grand public. Ajoutez à cela un Daniel Brühl convaincant (l'acteur jouant le héros nazi amoureux du personnage de Mélanie Laurent dans Inglourious Basterds) et un excellent William Hurt.
Très bonne surprise vraiment.