Une trilogie ça peut être tout aussi excitant qu'ennuyeux. C'est peut être la façon la plus optimale de vivre un voyage cinématographique et c'est pourquoi Jackson ne s'en était pas privé pour son oeuvre des plus célèbre.

Exercice souvent prétentieux, la trilogie est aussi très casse gueule, notre bon vieux Peter semble d'ailleurs en faire les frais avec celle qu'il attaque en ce moment. Ce qui est tout à fait normal, il n'y a que des oeuvres bien particulières qui méritent ce traitement spécial, vulgariser le système de trilogie ça revient à se tirer une balle dans la nouille. C'est même pas malhonnête, c'est juste suicidaire.

(Attention le paragraphe qui suit se lit avec cette chanson: http://youtu.be/32UGD0fV45g?t=24s )

Alors forcément, avant de commencer la trilogie de Kobayashi, réalisateur adulé pour ce truc emmerdant qu'est Harakiri parce que les films chinois en noir et blanc c'est nul, on appréhende déjà l'ennuie qu'on risque de ressentir. À quoi bon faire trois films de trois heures relatant l'histoire du Japon pendant la Seconde Guerre mondiale, on sait que la guerre c'est mal et tout et tout, t'apprends rien quoi ! Et pis bon c'est bien plus passionnant de se balader dans la Nouvelle-Zélande pendant 10 heures pour y voir des cosplays en train de se la péter parce que OMG c'est méga cool de tenir une épée en disant tout essoufflés :
« - Balançons l'anneau dans la montagne du festin ... euh du destin ! »

(Vous pouvez fermer l'onglet musique)

Je disais donc que cette trilogie de Kobayashi aborde un sujet très intéressant qui se prête parfaitement à l'exercice de trilogie (contrairement hum à certains hum films)*. C'est impressionnant de voir à quel point chaque partie paraisse aussi indépendante dans leurs thématiques mais pourtant tout aussi cohérente en tant que chapitre d'une oeuvre unique. A chaque partie terminée, on est bouleversé, on est pas dans l'attente affreuse de savoir ce qui va arriver par la suite, on se questionne juste sur ce qui s'est passé. L'efficacité de la conclusion de chacun de ses films nous pousse à développer une réflexion sur toute l'évolution morale à laquelle nous avons participer pendant les trois dernière heures. Cela revient à vous dire que tout est parfaitement réfléchi, équilibré, il n'y aucune minute en trop, tout est là, à sa place.

On est donc ici dans l'exemple même de la trilogie parfaite à mon humble avis.

Le parcours de Kaji est varié, aucun film ne se ressemble et chacun trouve sa cohérence propre. Le personnage en lui-même est d'une profondeur psychologique insoupçonnée. Humain dessiné à la perfection mais pourtant héros impossible, Kaji à la chance incroyable d'avoir les traits de Tatsuya Nakadai, soit le meilleur acteur japonais de son époque (avec Mifune oui) . Dire que cet acteur m'a surpris tout au long de ce chef-d'oeuvre serait inutile, puisque cet acteur me surprends dans chacun de ses films, mais je crois qu'il joue là, le meilleur rôle qu'il ai jamais eu (là je mens bien entendu, je n'ai pas vu tous ses films donc bon … ).
Mais bref ce personnage principal est un être attachant, émouvant mais aussi repoussant parfois même inquiétant (si je met autant de « ant » dans cette phrase, c'est que le perso est vraiment extra), humain tout simplement.
Humain qui sera confronté durant toute cette trilogie à une horreur toujours plus abominable, causé par des êtres tout aussi humains que lui.

L'horreur est pourtant posé sous le regard magnifique magnifique de Kobayashi, qui n'hésite pas à utiliser un découpage sobre toutefois toujours soutenu par une photographie à vous faire pleurer des dragibus. C'est une magnifique composition de l'image que nous y avons là, tout en beauté et subtilité. Même quand la réalisation s'emballe le tout garde une grande élégance , je parle bien sûr des ces plan obliques monstrueux de par leurs maitrises, figure de style récurrente de la trilogie, appuyant toujours les moments les plus intéressants pour mieux nous marquer.

Et c'est à la finalité de tout cela, à la dernière scène du dernier film, que tout ce que nous avons vu (ou vécu) s'assemble pour ne former qu'une seule oeuvre, magnifique de par le contraste de sa lumière et ses ténèbres, confondante par la justesse de son propos.

Mes amis, j'appelle ça du grand, du très grand cinéma.

*(si cette parenthèse vous déplaît, écoutez ça : http://youtu.be/32UGD0fV45g?t=24s )

Ps: Chi c'est lui : http://3.bp.blogspot.com/-vUVDZofqdPI/T-9clA4AFoI/AAAAAAAAA0M/WZ-NdDOOsD4/s1600/Chi_by_wallabby.jpg

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le 22 déc. 2013

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Dröm

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