La Persistante Flottaison de l'Etron Récalcitrant

Dans le petit exercice critique, même lorsque l'on tire à blanc et en amateur comme moi, il est souvent bien plus facile et même jouissif d'être méchant en descendant un film plutôt que de tenter d'expliquer les raisons parfois irrationnelles et personnelles qui font que l'on aime certains long métrage. Autant dire que je ne vais pas me gêner tel un pirate le couteau entre les dent pour partir à l'abordage de La croisière et tirer à boulets rouges sur ce triste navire en espérant le couler pour qu'il rejoigne ainsi les profondeurs abyssale de sa propre connerie. La seule vraie question restant : mais pourquoi je suis monté à bord de cette galère au naufrage assuré.

La Croisière raconte le voyage d'une poignée de personnages très divers embarqués le temps d'une croisière sur la méditerranée. Pour ces cinq personnes qui vont se lier d'amitié le voyage sera alors l'occasion d'une remise en question (oui le film est aussi une grande quête initiatique intérieure ).

Avec La Croisière la réalisatrice Pascale Pouzadoux ressuscite tout simplement l'esprit de Max Pecas et de toute ses comédies poussives et vulgaires qui semblaient n'exister que pour permettre à leurs réalisateurs et acteurs de partir en vacances aux frais de la production. Inutile de parler de mise en scène car pour Pascale Pouzadoux l'exercice se limite à se contenter difficilement de garder ses comédiens dans le cadre. Pour le reste le film ressemble à un triste téléfilm formaté pour les lundis soirs de TF1 lorsque Joséphine ange gardien est en vacances et que le Camping Paradis est fermé. Un produit sans relief, sans âme, sans beauté et sans saveurs que même la fameuse ménagère de plus de 50 ans devrait regarder avec circonspection encastrée au fond de son fauteuil, lassée d'être prise pour une truffe à gaver de n'importe quelle merde. Comment attaquer plus encore la forme d'un truc informe ?

Le plus triste c'est que La Croisière n'est jamais drôle, ni même un peu amusant. Le film joue sur le registre de l'humour beauf, du gag bien gras et de cette vulgarité insupportable qui consiste à prendre vraiment les spectateurs pour des cons. On a donc droit à des gags à base de chiens qui font pipi, de monsieur travesti en érection, de caca d'oiseaux sur la tête, de beauf en slip panthère, d'agent de sécurité qui se prend pour Bruce Willis et de bouchon de champagne dans les couilles.... La grande classe de l'humour de fin de banquet ! C'est lorsque Pascale Pouzadoux commence à jouer sur le registre de l'émotion que moi je commence enfin à rire grassement devant les cordes à bateaux qui servent de fils conducteurs au scénario. On a donc droit à un mari cocu qui va enfin comprendre les femmes après avoir passé une partie du voyage en travesti, une working-girl égoïste qui va fatalement s'ouvrir aux autres, à l'émotion et aux joies des vacances sous l'influence d'une gentille petite fille, une jeune pickpocket rebelle au cœur brisé qui va retrouver l'amour et le droit chemin sous l'influence d'un prêtre et une brave paysanne qui va trouver la force de quitter son mari farceur après être tombée amoureuse du cocu travesti évoqué plus haut. Le film a au moins le mérite de nous donner le mal de mer sans bouger de notre salon avec une furieuse envie de passer la tête par dessus bord en vomissant face une telle dégoulinade de bons sentiments baignant dans une soupe tiède et infecte de lieux communs.

La croisière n'est même pas un mauvais film, c'est une véritable honte. Un bien triste radeau perdu sur une mer de facilitées qui aura quand même attiré en salles plus de 654 000 spectateurs lors de sa sortie. Une choses est certaine des films comme La croisière, ça m'use.