La Cuisine au beurre part d'un excellent concept : le Marseillais paresseux et bon vivant, Fernand Jouvin (Fernandel), revient après la guerre et découvre que sa femme, le croyant mort, a refait sa vie avec un cuisinier normand travailleur et rigide, André Colombey (Bourvil). Le restaurant provençal est devenu « La Sole Normande ». Cette opposition culturelle (ail contre beurre) et de caractère (roublardise contre ingénuité) est la force motrice du film et la promesse d'une joute comique mémorable.
Le duel des monstres sacrés : correct, sans étincelles
- La véritable attraction est bien sûr la rencontre unique à l'écran de Fernandel et Bourvil. Leur talent individuel est indéniable, et certaines scènes de confrontation ou de rapprochement forcé (comme leur réconciliation devant la fenêtre) fonctionnent très bien, tirant profit de leurs numéros d'acteurs contrastés.
- Cependant, le film souffre d'un manque d'alchimie pétillante entre les deux stars, car l'ambiance ete tendu lors du tournage. Le duel attendu est parfois timide ou, à l'inverse, tombe dans le gag un peu lourd et surjoué. On sent que le scénario n'a pas su exploiter tout le potentiel de cette rencontre au sommet, restant en surface de la rivalité de la bigamie et des styles culinaires.
Rythme et réalisation : une comédie convenue
- La réalisation de Gilles Grangier est efficace mais conventionnelle pour l'époque. Le film se regarde sans déplaisir, grâce à la présence des acteurs, mais le scénario semble par moments bâclé ou trop soucieux de ne pas choquer le public de ces deux figures consensuelles.
- Les seconds rôles sont pittoresques (Michel Galabru en postier, notamment), mais l'ensemble donne l'impression d'une petite comédie familiale dont l'ambition est restée modeste.
En conclusion :La Cuisine au beurre est un film correct qui vaut surtout le coup d'œil pour le privilège de voir Fernandel et Bourvil partager l'affiche. C'est un plat savoureux mais qui manque d'assaisonnement pour atteindre l'excellence. On passe un moment agréable, mais on regrette qu'un tel casting n'ait pas donné lieu à un chef-d'œuvre.
Note 6/10