La Flèche Brisée est bien plus qu'un simple western ; c'est une œuvre pionnière qui a jeté les bases d'un cinéma plus humaniste et nuancé sur les relations entre Blancs et Amérindiens. Si son message est toujours puissant, certaines conventions de l'époque l'empêchent de se hisser au sommet des classiques intemporels.
Les points forts
L'audace du propos :
- En 1950, ce film a fait l'effet d'une bombe en présentant pour la première fois les Apaches, et plus spécifiquement le chef Cochise (Jeff Chandler, nommé aux Oscars), comme des hommes d'honneur, de principes et de raison, et non comme de simples sauvages sanguinaires. Cette démarche anti-raciste est le cœur et la grande réussite du film.
James Stewart :
- L'acteur incarne avec une conviction désarmante Tom Jeffords, l'éclaireur qui cherche la paix. Sa performance est généreuse et crédible, portant l'idéalisme du film sans le rendre naïf.
La beauté visuelle :
- Le tournage en Technicolor dans les magnifiques paysages de l'Arizona offre des plans somptueux qui mettent en valeur les décors naturels, une véritable bouffée d'air frais pour l'époque.
Les points faibles
Un certain didactisme :
- Le message de paix et de compréhension mutuelle est parfois délivré avec une lourdeur didactique (notamment la voix-off) qui nuit à la subtilité du récit. L'optimisme, bien qu'admirable, semble parfois forcé compte tenu du contexte historique réel.
La romance convenue :
- L'histoire d'amour entre Tom et Sonseeahray, bien que centrale à la trêve, est assez classique et mélodramatique pour un western hollywoodien, sans réelle surprise scénaristique.
Conclusion
La Flèche Brisée est un film historiquement majeur du western. Il est essentiel pour comprendre l'évolution du genre et la représentation des Amérindiens à Hollywood. James Stewart et la figure de Cochise (interprétée par Jeff Chandler) marquent les esprits. Cependant, les limites de sa production (le casting des acteurs non-autochtones) et un scénario parfois trop démonstratif lui retirent un point ou deux de perfection.
Un 7/10 bien mérité pour son statut de jalon cinématographique et la sincérité de son engagement.