En cette année 1962 de pleine Guerre Froide, un cruel chercheur militaire américain ramène d’Amazonie un étrange humanoïde mutant et amphibie dans un centre de recherche ultra-protégé de l’espionnage soviétique. Prisonnier, torturé et promis à la vivisection, la victime ne pourra espérer son salut qu’à l’association improvisée de quatre alliés potentiels. Une femme de ménage du centre, muette, traumatisée, solitaire, mais pourvue d’un cœur immense et d’un romantisme prêt à tout ; son voisin vieillissant, loser perpétuel, paria social dû à son homosexualité ; une collègue pleine de bon sens et solidaire envers tous les reclus du fait de sa négritude ; un autre savant, espion Russe ne supportant pas la perte d’un aussi merveilleux spécimen.
L’aventure fantastique se déploie en harmonie parfaite avec le ton de ces anciennes BD-papier-journal mêlant le fantastique sombre, le thriller un peu caricatural, l’érotisme et les acrobaties scénaristiques où la cohérence compte bien moins que l’action ou le suspense. Guillermo del Toro saura y rajouter un supplément de poésie, d’évasion, de liberté et de romance insolite, rappelant parfois certains enjeux de son Labyrinthe de Pan. Le côté clairement conte de fée, certes moderne et très sombre, m’ont également ravivé cette joie sentimentale et onirique présente par exemple dans ceux des Caro et Jeunet des années 90.