Whiplash fut un coup de coeur venu de nulle part comme j'en ai rarement connu. Damien Chazelle frappa très fort et il entra sans problème dans le cercle des réalisateurs dont je voulais suivre l'évolution. Il nous revient ainsi dans un registre en apparence très différent mais où le jazz aura encore son rôle à jouer. Si le temps des comédies musicales semble lointain, il n'empêche que les quelques productions de ce genre qui nous parviennent encore de temps à autre parviennent à montrer qu'il a encore de l'avenir à défaut de revenir au sommet de l'affiche. La La Land en est la preuve et je le vois comme un excellent prêcheur pour sa paroisse.


Ryan Gosling nous montre une nouvelle fois l'étendu de son talent dans cette comédie musicale, après avoir joué les anti-héros taciturnes dans Drive ou encore les flics alcooliques un peu manche dans The Nice Guys. C'est encore un plaisir de le voir évoluer dans un nouveau registre et force est de constater qu'il est toujours convaincant, voir impressionant au vu de sa performance au piano (il n'est pas doublé). A ses côtés, Emma Stone, toujours aussi pétillante, je peux difficilement être objectif quant à sa performance, un seul sourire de sa part suffit à vous faire passer une bonne journée et elle est toujours juste dans son jeu, qu'importe la situation.
Le récit ne s'encombre pas d'une narration alambiquée et propose de suivre cette rencontre entre deux personnages un peu paumés, l'un pianiste enchainant les petits boulots alors que son rêve et de posséder son propre jazzbar, et l'autre actrice à la recherche d'un rôle dans la jungle hollywoodienne mais devant travailler en tant que barista pour subvenir à ses besoins. Le récit va s'agencer sur le rythme des saisons, en commençant par l'hiver, chaque saison illustrant une étape dans la relation entre les deux personnages. Si ça peut paraitre simple, je trouve que ça fait ressortir toute la poèsie du film, c'est beau et cela offre un cadre strict autour duquel le récit peut se développer. Les musiques vont avoir un rôle prépondérant en servant de moteur au récit tout en explorant les ressentis de nos protagonistes. Sans s'enfermer dans un registre (comprenez que chaque morceaux n'est pas nécessairement du jazz), les morceaux réussissent à former au bout du compte un ensemble cohérent car adapté à chaque situations.


J'apprécie particulièrement le fait que le film ne fasse pas le choix d'un Happy Ending flamboyant, la fin nous laisse avec un sentiment mélancolique qui me semble correspondre au ton général du film et au final, on ressent un accomplissement sans qu'il soit complet, c'est sans doute cette impression qui perdure le plus et qui nous donnera envie de retourner voir le film immédiatement pour replonger dans cette douce rêverie.


La mise en scène est très élégante, elle laisse souvent place aux plans séquences lors des numéros de dance ce qui renforce cette impression de rêve sans interruption. La force du film réside à mon sens dans ses séquences d'intro et de fin, la première étant une parfaite introduction à ce monde et la seconde est la parfaite conclusion à cette histoire, toujours en chanson. Je me dois de rajouter que j'ai été particulièrement impressioné par la capacité de Damien Chazelle à reconstituer l'ambiance du Los Angeles classique dans un Los Angeles contemporain, prouvant que la ville peut encore stimuler les rêves les plus fous. On sent un gros travail du côté de la photographie et on ressort aussi impressionné par les efforts effectués sur la lumière.


La La Land, c'est la preuve que les comédies musicales ont encore un bel avenir devant elles, grâce un duo qui fonctionne à merveille, une réalisation inspirée, un scénario simpliste mais jamais simple qui saura vous émouvoir, des chorégraphies et des musiques entrainantes et enfin un final qui marque les esprits. Damien Chazelle confirme que Whiplash n'était pas un accident et on ne peut que se montrer impatient quant à la suite de sa carrière. Dommage, encore une fois, que la France soit servie plus tard, il s'agit d'un film parfait pour cette période de fêtes de fin d'année.

remimazenod
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le 27 déc. 2016

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Rémi Mazenod

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