Je suis entré avec un ami dans la salle, un jour de février 99, pensant en toute sincérité que j'allais voir un film qui allait me plaire...
Après 2H30 je me tournai vers mon ami en disant : " Je te dois 30 francs : c'est de ma faute si t'es là ! "



Peu après, pour tester et ne pas mourir idiot, je suis allé voir une réédition de Days of Heaven en 70mm ( comme ça vous pourez pas dire que j'ai pas tout essayé... ) et le film, qui dure une heure de moins, et deux fois plus éprouvant...


Me disant que ça tient à la personnalité de Terrence, je vais demander aux fans ( une bande de fous illuminés si vous voulez mon avis ) pourquoi diable ont-ils aimé ses films... Et là on me ressort une flopée d'arguments plus où moins valable d'un stricte point de vue personnel : c'est bien cinématographé, c'est de la poésie, c'est philosophique, etc...



Sauf que moi j'y vois respectivement dans l'ordre une "photo-de-pubs-pour-produits-laitiers-des-sensations-pures", de la poésie de carambar et de la philo de comptoir ( et encore, un comptoir à 9H30 quand tous les poivrots se donnent rendez-vous pour l'apéro )



Ne vous y trompez pas : je ne dénigre pas la qualité technique des pubs pour les produits laitiers, ou la pertinence des philosophes du pastis-picon... Mais je n'admets pas qu'elles puissent être considérées par mes pairs comme " génialissime ! on a jamais rien vu de tel ! "



D'autant que, pour me conforter dans mon point de vue, nombre des critiques élogieuses étaient faites par des gros cons. Sur Canal +, François Forestier a dit : " C'est un chef d'œuvre, je pense que c'est un chef d'œuvre : il faut lui laisser un ou deux ans, mais je pense que c'est un chef d'œuvre ! "



Non mais quelle sinistre blague.



Tout dans ce film est prétexte à styliser inutilement la moindre génuflexion... Les flash-backs en point-de-vue par exemple sont complètement grotesques, une immense majorité des scènes relève de l'anecdotique ( avec une construction systématique en : Combat-dialogue-déplacement-combat-dialogue, etc... ), et je ne vois pas ce qu'on peut trouver de subtile ou d'intelligent dans l'utilisation de la voix off : " Qui a mis cette horreur en nous ? Que faisons nous là ? " et autres " Peut-être qu'un seul Homme se cache derrière tous ses visages ? "

C'est complètement didactique et sans aucun intérêt. J'en étais même parvenu à l'époque que la seule condition pour aimer ce film était d'être complètement con, et qu'il était à ranger aux côtés des productions Bruckheimer...



J'imaginais Terrence Malick prendre son petit spectateur par la main, et viens que je t'explique tout, mon petit, car MOI je sais...
Alors qu'en vrai il est en train de réaliser le documentaire animalier le plus barré de l'histoire !

En effet, cette obsession personnelle avait déjà transformé une attaque de crickets dans Days of Heaven en un cauchemar complètement tordu, mais là il remet le couvert avec passion : d'interminables plans sur des feuilles mangées par des chenilles, ou sur des singes qui passaient par là, ou un coucou-à-tête-rouge viennent hanter ce film sans aucun propos. ( Note au passage, je rappelle que le meilleur filmeur-de-jungle au monde, c'est John McTiernan. )



Donc, si on récapitule, on a affaire à un pauvre film de guerre qui se croit plus malin que les autres et qui se paye le luxe d'être à côté de la plaque la plupart du temps.



Qu'est-ce que j'en ai retenu de vaguement bon, 12 ans après ?

Trois bons trucs : Elias Koteas, Nick Nolte et John Cusack.

Leurs personnages, et leurs performances.



C'est tout. Tout le reste est à foutre en l'air.

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le 1 oct. 2011

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Mike Öpuvty

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