(Avertissement) Voilà la preuve que j'écris des critiques d'autant plus chiantes que je suis fatiguée et qu'il est tard, mais comme j'écris surtout pour moi, tant que je ne me serai pas relue, ça n'aura pas la plus traître importance.


Natalie Saracco est passionnée et inspirante (vraiment beaucoup !) ... quand elle parle de sa foi.
Après avoir vu ce film, obligée de compléter, oui mais pas quand elle filme. En tout cas, pas pour moi.


Je n'ai été ni touchée, ni émue, ni en questionnement, après ce film. But non atteint.
On parle beaucoup des clichés de ce film. J'en ai vu beaucoup moins que dans les 3/4 des films ou séries. Jézabel "cumule" mais c'est parce qu'elle n'a aucune limite, et au fond aucun véritable plaisir, qu'elle explore toutes les voies à la fois, parce qu'aucune de ces voies n'a de sens, et les plus interdites ou les plus propres à scandaliser peut-être ses parents ou une autre mystérieuse figure, réelle ou fantasmé, qui la hanterait inconsciemment. Elle semble avoir des griefs et de l'amertume envers ses parents, mais comme elle est une rebelle sans cause, une écorchée dont on ne sait rien des douleurs et de leurs racines, on ne sait pas loin de qui l'emmène cette fuite en avant. Elle se fuit elle-même, mais l'explication est trop simple, pourquoi ou pour qui se fuit-elle ? Voilà le problème du film, si clichés il y a ce n'est pas dans la peinture de la pécheresse ou du bon prêtre, mais dans leur portrait sans profondeur ni épaisseur.


Si la pécheresse cumule, c'est parce qu'elle est faite pour être l'adaptation au cinéma moderne de la figure de Marie-Madeleine (Il y a tromperie en quelques sorte sur le nom, elle n'est Jézabel, la tentatrice perverse qu'avant qu'elle réalise que sa vie est vide de sens et de plaisirs vrais (non fugaces car autres que physiques), mais elle a été écrite avec Marie-Madeleine comme destin et incarnation.


C'est là un autre grave écueil, si Marie-Madeleine peut nous toucher en tant que repentie, fille prodigue bien-aimée, c'est quand nous pouvons nous reconnaître en elle. Quand nous pouvons tous nous imaginer en adultères dans différents sens imagés et à différents degrés. Marie-Madeleine est aussi la plus pure car quand elle change de chemin, elle le fait avec la même passion que celle qu'elle avait mise à suivre une voie en cul-de-sac. Si elle a été la plus grande des pécheresse (aux yeux de la foule), elle peut tenter de devenir la plus bouillonnante dans la sainteté.


Mais où est-ce dans le film ? Peut-on se reconnaître en elle ? Et où est sa conversion dans les actes ? Et où sont les raisons de sa conversion ? Est-ce une conversion par amour ou mimétisme ? Par culpabilité ? (d'un évènement que je ne peux pas révéler à qui n'a pas vu le film). À cause du vide d'une vie dans l'artifice ? Dans ce cas, omment a-t-elle réalisé l'inanité de sa vie ? En claquant des doigts ?


Oui, ça manque de profondeur et d'épaisseur tout ça. Et c'est ça qui aurait fait de ce film un chef-d'œuvre. Si seulement on pouvait y trouver une nourriture philosophique ou théologique.


Les messages, donnés de façon souvent trop directes dans les dialogues, le genre de messages même s'ils ne sont pas donnés mots pour mots, mais ressemblent à "Il n'est jamais trop tard, ni trop grave, pour changer de vie", "Inutile de prier si on ne pratique pas le bien", "Les gens qui ne me ressemblent pas et même les pêcheurs doivent être aimés comme des frères", sont des messages simplistes. On ne fait pas un bon film à messages avec des messages simplistes.


On accueille tout le monde et on ne ferme pas la porte, gnagnagna.


Je ne dis pas qu'ils sont évangéliquement faux, mais ils sont simplistes, car il suffit d'avoir lu les Évangiles pour les connaître, ils y sont écrits noir sur blanc, et tout le monde les connaît à peu près (quoi que, dans un monde contemporain qui a de moins en moins de culture religieuse, même les clefs basiques se mettent à ne plus être connues ni comprises...).
À côté de cela, les lectures de ces mêmes versets les plus intéressantes, sont des lectures plus personnelles, ou plus creusées.


Donc oui, quand il est question de gens "religieux" réprimandés parce qu'ils adoptent l'apparence et non l'esprit, et que c'est dit et non montré un peu subtilement, je trouve que ça gnangnantise, et ne provoque pas un questionnement sur nous-même, et nos propres pratiques (Sérieusement, qui irait se reconnaître dans ces zouaves si ridicules et antipathiques ?) Encore raté. Si c'est pour reconnaître le ridicule du voisin et pas le nôtre, je dis encore encore raté. Quand je disais que ce film ne m'a ni émue ni questionnée.


Quand face à cela il y a le génie hugolien, qui n'explique rien et montre tout, d'un Jean Valjean qui fait l'apprentissage, révolutionnaire et inouï pour lui, de la bienveillance nce, du pardon, de la miséricorde sous l'apparence d'un petit abbé et de ses couverts en argent...


Là sont la richesse d'enseignement et l'émotion. Si Hugo avait dit ce qu'il avait à démontrer sous forme d'un plat dialogue premier degré (comme ceux de tout le film !) oui c'était effectivement bien plat.


Un curé, un interdit, une tentatrice, des tentations de même nature, pas super bien dépeintes. Si on est hermétique au message religieux du film, ça et les images émoustillantes, ou alors le film sous l'angle de l'amour impossible, c'est à peu près tout ce qu'on voit, et ça suffit déjà à faire passer le temps, mais ça n'en fait pas non plus un bon film. Je trouve même que la platitude du discours est mise en relief par les scènes crues qui se succèdent.


En effet, pour éviter l'écueil d'un film sentimental, et sans doute traduire l'excès et la passion, la réalisatrice a inondé son film de scènes sexuellement assez crues pour un film parlant de Dieu ou de religion.
Comme pour le manque de subtilité des dialogues, c'est une vraie incapacité à être moins lourdeau au pour le film que de montrer les scènes crues et de ne pas en suggérer l'intensité et la passion d'une façon plus intéressante et créative.


À part une passion interdite, on ne comprend au fond ni le personnage du prêtre, porté sur la bibine et les bons cigares on dirait, ses déchirements, au nom de quoi il résiste à la tentation, ni celui de la religieuse, de Stan ou de Jézabel, ni la veille bigote (elles sont plutôt excès de miel dans la réalité, tout aussi toxique et même plus, que protagonistes de ce genre de scènes irréalistes).


Et que dire de cette scène fort étrange où Jézabel s'adonne à un rituel magique satanique, nue comme un ver dans un cercle de feu ?
L'événement final est comme une solution miracle tombée à pic pour pouvoir avoir le prétexte d'un changement ou d'un choc, et se sortir d'une impasse scénaristique. Le film devrait presque commencer à ce moment-là et le parcours de Jézabel à partir de ce point.


Peut-être que le problème c'est que c'est un premier long métrage et que Saracco veut trop bien faire.
J'aurais aimé aimer ce film, car il est courageux et les deux acteurs principaux très agréables physiquement et dans leur jeu, et j'aime bien Saracco.

Perce-Neige
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le 15 févr. 2021

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