Le premier long-métrage de Philippe Falardeau est un peu lourdingue, quoique malgré tout assez sympathique dans sa fabrication qui ressemble à une production artisanale. C'était l'époque où le mockumentary avait le vent en poupe, vu d'aujourd'hui il y a un parfum désuet assez présent qui empêche toute prise au sérieux de la chose — alors qu'à l'époque, il y avait des gens pour penser sincèrement que tout cela était bien réel. D'ailleurs "La Moitié gauche du frigo" est présenté dans le générique d'introduction comme un film de Stéphane Demers, qui est le personnage à l'intérieur du film tenant la caméra pour filmer son colocataire, un ingénieur en mécanique au chômage. Délire entre pote qui devient projet envahissant, le documentaire qui occupe l'essentiel du film est censé illustrer les tourments de la recherche d'emploi en même qu'il raille les dérives capitalistes de son époque (pour le coup, à l'intérieur comme à l'extérieur du film).
La comédie est très légère malgré sa thématique, mais il me semble que Falardeau échoue à rendre l'expérience captivante sur la durée, au bout d'un moment on se lasse de cette succession de scènes répétées, entretiens d'embauche, séminaires, élucubrations avec l'administration, rencontres avec des proches... Même le presque dernier temps du film, celui où le caméraman regarde son sujet retourner sa veste et accepter un job de quatre jours pour contribuer à la délocalisation d'une entreprise au Mexique, reste assez attendu. C'est avant tout une chronique sur la désillusion du monde du travail et de l'entreprise, régulièrement parasitée par la caméra insistante du colocataire intrusif. Le concept essoré jusqu'à la moelle peine à retrouver son souffle à mi-parcours.