On peut légitimement se demander quelles raisons ont poussé les banquiers frileux de Hollywood à financer pareil naufrage : même le plus pervers ou le plus charitable de leurs algorithmes n’aurait en effet su déceler la moindre chance à ce film de faire sauter ne serais-ce que la banque de Nontron dans le Périgord. Aussi, ne sont-ce pas plus les variables inconnues que les constantes connues de l’équation qui auraient du renvoyer le diabolique projet dans le cimetière des idées pourries d’où il était sorti. Réveiller la médiocre quoique sympathique saga la « Momie » de la mort (et n’importe quel film de Stephen Sommers plus généralement, quoique j’ai entendu dire que Van Helsing connaîtrait bientôt le même sort) constituait déjà une faute répréhensible par la loi (sinon celle des hommes, du moins celle des Dieux égyptiens qui ne cherchent qu’à se faire oublier) et ne pouvait exposer qu’à une malédiction pire que celle contée ici. Preuve en est l’impuissance de Tom Cruise ; s’il parvient plutôt facilement à se débarrasser de l’autre connasse, il s’avère en revanche incapable de sauver le film de la ruine ! L’autre constante viciée, c’est d’ailleurs lui. Ou plutôt les scénaristes qui ont essayé de faire du plus formidable héros du cinéma du vingt-et-unième siècle, le plus imparfait des anti-héros du vingtième. Tom Cruise n’a jamais été ni Indiana Jones ni Han Solo et ne sera jamais ni l’un ni l’autre pour la simple et bonne raison qu’il n’est pas Harrison Ford. Et ne doutons pas qu’en pareille situation (comprenez dans la situation inverse), ce dernier se serait retrouvé, sinon dans le même embarras, du moins dans la même panade. Aussi n’était-il pas très sage de faire jouer Cruise si loin de son registre de prédilection : l’homme, le mortel extraordinaire. Ici, c’est comme l’immortel fils de pute de Seth qu’il doit tirer son épingle du jeu (et son épine du pied). Pas facile donc quand on a, en plus de ça, du botox pour dix dans la gueule.


Pour le dire plus simplement, après dix premières minutes plutôt honnêtes (bien qu’on ressente déjà le malaise de Tom Cruise), le film se perd complétement entre son histoire principale, à dormir debout, et celle du Dark Universe, grand-guignolesque. Pour le dire encore plus simplement, le film se crash en même temps que l’avion.

blig
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le 19 juin 2017

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