Déjà, t'achètes un Blu-ray en magasin, la peau du baigneur, tu peux me croire. Et t'as beau chercher partout, j'écris bien partout, pas moyen de trouver la VF.
T'es bien installé, le joufflu vissé confortablement dans ton canapé, ton saladier de chips au vinaigre déposé avec délicatesse à portée de main, de quoi étancher cette soif qui ne manquera pas de venir quémander binouze à portée de l'autre main, et tu te dis «Mais j'suis con ou quoi ? C'est quand même pas compliqué de trouver la piste où ça jacte dans une langue «normale»... Mais en fait non, c'est pas toi qu'es une misérable connasse, c'est comme qui dirait un «choix artistique».
Alors, après le choc, en désespoir de cause, loin de te décourager parce que tu comprends pas la langue, tu regardes le truc en araméen (la langue des araignées, quoi). Sec, sans sous-titres.Vas-y, ça me fait pas peur.


Bon, du coup, tu comprendras que j'ai pas tout compris. Mais le film est bien, je l'atteste. Chaud, mais bien.
Ça se passe à une époque bien reculée, où les gens ne parlent pas français (donc). Le monde semble n'en être qu'à ses balbutiements. Pas de 06, pas de rasoirs Wilkinson, pas de dentifrice, pas de Twix, pas même un slip si ce n'est ce pliage indécent qu'ils se posent sur la zigounette. La matière de ce sous-vêtement gratte rien qu'à la regarder.
C'est intéressant, je trouve, ça permet au metteur en scène d'annoncer la couleur et ce, avec peu de moyens. On sait d'office qu'on n'est pas dans ce qu'on pourrait appeler «le monde civilisé» et que ça va forcément chier des ronds de chapeaux.


D'ailleurs, les gens sont sales, s'habillent mal, sauf quelques types qui portent des chapeaux pas dégueulasses, mais en dehors de ça, c'est la couverture en peau d'âne (référence), les vieilles étoles tricotées à la va-vite que t'en voudrais pas pour récurer tes gogues, les sandales qu'on semble se refiler en héritage de père en fils et des coupes de cheveux, mon pote, violentes! Heureusement que le film n'était pas en 3D...
En vrai, je juge pas, je dois juste être jaloux car comme chacun sait, j'ai vendu mes cheveux pour me payer une Megadrive.


Mais c'est une autre histoire, trêve de bavardages...
L'histoire !
Elle se focalise sur une poignée de migrants qui vivent dans les bois. Ils sont laids comme des migrants mais pas bien méchants. Du coup, eu égard à leur mocheté, ils font peur aux autochtones.
L'acteur principal qui joue José, le héros pour ce que j'en ai capté, est très maigre. Presque trop. On dirait Jésus.
Comme de bien entendu, partout où ces pauvres hères errent, ils se voient rejetés comme des lépreux par les gens du cru.
Ici, les gens qui sont nés quelque part sont de vieux barbus portant robes et rubans avec des biens jolis couvre-chefs sur le crâne, comme stipulé plus haut, qui, agacés par la troupe de va-nu-pieds, envoient au campement la maréchaussée.
La gendarmerie, par essence, ne vient pas pour rigoler. Efficaces, ils trouvent le maigrichon qui ne leur oppose pas de résistance. Contrairement à un de ses potes qui ne trouve rien de mieux que de couper une oreille à un flic ! José, courroucé, trouvant que ça se fait pas, c'est des connards de flics, d'accord, mais c'est aussi des hommes, la putain de leur mère, ramasse l'oreille du mec par terre et il lui recolle.
Là, je me suis dit «Chouette, un film de magicien !».
Loin d'être reconnaissants, le boulot reste le boulot, les représentants de l'ordre enchaînent le prestidigitateur et le traînent en lui tapant dessus.
Ça me fait mal de le dire mais, laisse tomber la police de ces gens, mon pote. Les nôtres, à côté, c'est les chroniqueurs de TPMP.


Chemin faisant, José se laisse taper sans protester, rosser aussi un peu. J'ai un peu de mal à distinguer avec l'araméen parlé mais j'ai pas entendu le moindre râle sortir de la plaie qui déjà lui servait de bouche, le pauvre.
De deux choses l'une. José, soit le gars a quelque-chose à se reprocher et il pense mériter son sort, soit le mec aime ça et il pense mériter son sort.
Je veux dire, merde, on ne peut pas accepter sciemment de porter toute la misère du monde ! Si ?
À un moment, grâce soit rendue au Tout-Puissant, ils arrivent à destination. C'est-à-dire un endroit, comme une grotte, avec des bougies, où se trouvent réunie une belle brochette de barbus en robes. Pas très très catholiques, si tu veux mon avis mais, comme quoi la forme sauve parfois un peu le fond, ils portent de bien jolis chapeaux.
Ils commencent à lui parler en javanais à coups de «C'est toi le José qui fait son malin à faire des tables alors qu'on n'a pas encore inventé la chaise ?» et autres «Tu t'prends pour qui, ordure?». José, super digne malgré leur tendance à méchamment postillonner, ne pipe mot.
C'est pas des vieux qui s'habillent en gonzesses qui vont lui casser les noix, pense-t-il.
La suite nous prouvera que si, justement.
Comme José répond pas, les vieux pensent qu'il les snobe. Du coup, les flics le tapent encore.
Il y a tout plein de monde qui lui crache dessus, qui lui donne des coups de pied, qui l'insulte. Ça m'a interloqué. C'est mal, de faire ça.
Quand je pense à ces pauvres gens qui fuient des pays où c'est la merde pour être accueillis à coup de mollards et tout ce qui va avec, tout ça parce qu'ils sentent pas bon, ça me fait mal mais accroche toi, j'avais encore rien vu.


À un moment, j'ai pas trop compris, je ne comprends pas toutes les subtilités de la langue des araignées, mais je suppose que comme ces pauvres gens sont détestés par d'autres franges de la population, les vieux, pas égoïstes, décident que c'est pas juste d'être les seuls à se défouler. Ils font emmener José à un haut dignitaire. Une manière de symboliser le partage par autre chose que des palabres dans la forêt en sirotant du mauvais vin ou en tirant sur des cigarettes prohibées. J'ai bien aimé le message. L'exemple !
On sait que le notable doit péter dans la soie car il est rasé de frais, a les cheveux courts et parle un charabia qui ressemble à s'y méprendre à de l'italien. Si tant soit peu que l'italien puisse être considéré comme une langue.
Le tondu demande ce que c'est que ce clochard à la con qu'on lui fourre sous le nez alors qu'il n'a pas encore pris son café.
Un type au courant lui répond que c'est José des bois. Il cause du tort aux barbus en robes, ça risque de déraper s'il lui fout pas une baffe ou deux dans sa gueule, pour contenter la populace, toussa.
Il accepte à condition, d'abord, qu'on lui apporte un expresso bien serré et surtout, s'il y a moyen de déléguer, c'est pas le genre à se salir les mains.


Il envoie donc le pauvre José se faire défoncer par des sbires à lui qui l'accommodent bien comme il faut.
Quand je dis bien comme il faut, en fait, quand il ressort de sa danse, le José est méconnaissable.
On dirait un steak haché.


Franchement, quand tu vois ça, cette façon de faire pour punir un pauvre mec pour quelques bédos cramés avec quelques copains, t'as envie de hurler «Vive la France!», mon pote, car t'es bien content d'être dans le plus beau pays du monde, en fait.


Mais ça suffit pas aux vieux. "Non, non, non", qu'ils disent. "Nous on veut qu'il dérouille vraiment !"
Le rital regarde José et ne peut s'empêcher de penser à quelques câpres, à un oignon émincé, à une touche de tabasco, le tout surmonté d'un jaune d’œuf.
Le peuple gronde et quand le peuple gronde, ça pue, vu leurs haleines fétides. Ça pue tellement qu'il lui vient une idée.
« Écoutez, j'ai une idée de chez idée ! »
« Vas-y, accouche !!! »
« D'ac mais contentez vous de fermer vos mouilles. Le José, on va lui apprendre comment qu'on s'appelle. On va le faire marcher dans toute la ville pour bien l'humilier ! Tout le monde va le voir, la honte »
« ON VEUT QU'IL DEROUILLE !!! »
« Oui, vos gueules sinon je vais gerber! Je vous propose de continuer à le taper, déjà »
« Amen »
« On va le trimbaler jusqu'à la colline, ça va être long, on va prendre par le centre, depuis qu'ils ont fermé les quais, ça lui prendra 3 plombes. Je peux vous garantir qu'après, ce toxicomane ne se shootera qu'à la tisane »
«ON VEUT QU'IL DEROUILLE !!!»
« Vous proposez quoi ? »
Après moult négociations, quelques haut-le-cœur, on décida d'accrocher José tout en haut de la colline.
« Pardon ? Mais vous voulez l'accrocher à quoi, les gars ? Il n'y a que des cailloux là-haut. On ne peut pas accrocher quelqu'un à un caillou, vous êtes cons »
«T'inquiète pas, mon pote, on a pensé à un porte-manteau. Le mec en fabriquait, paraît-il, ça fait thématique. On aime les images, on s'en souviendra. »
« Comme vous voulez, j'en peux plus. Virez moi vos derches de mon patio maintenant! »


Non contents de trimbaler le pauvre José par le centre, bouché comme pas possible, en le rouant de coups, encore et encore, les mecs lui font même porter son porte-manteau.


Arrivés sur place, il y a tous les gogols, tout le gotha . Ils semblent à peine rassasiés par tout ce sang. Comme il va pas tarder à faire nuit, ils décident de se magner un peu, histoire de ne pas trouver soupe froide en retrouvant leurs pénates.
José des Bois est là, tout con et il a mal, accroché avec des clous sur une croix parce qu'ils n'avaient pas de scotch.
Des imbéciles qui ne savent pas reconnaître un porte-manteau d'une croix, en plus.
Il sait qu'il ne lui reste que peu de temps avant d'aller rejoindre son Père.
Et d'allumer un chalumeau de chez chalumeau, parce que, après une journée de merde pareille, faut un peu de réconfort...


La bise.

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le 10 déc. 2016

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