Même si il est évident que Angry Red Planet n’atteint jamais le cota de nanardise de Reptilicus (ce dernier est tout simplement inégalable dans son genre, à la fois dans sa générosité suicidaire et le ridicule des effets spéciaux), il faut tout de même reconnaître à ce film une certaine générosité et d’énormes ambitions, puisque seulement après une demi heure de film, nous débarquons sur la planète rouge. Et là, le quota des effets spéciaux s’emballe. Déjà, le caméraman a un véritable coup de génie ! Il met un filtre rouge sur l’objectif, afin d’expliquer d’une façon scientifique la couleur rouge de la planète. Tout devient donc rouge pendant les sorties martiennes, y compris la végétation. Mais Ib Melchior ne trouvait sans doute cela pas assez rouge, aussi, il a rajouté un second filtre qui rend également les zones d’ombre rouges vif. Il ne subsiste donc sur l’image que des ombres grises, le noir et le blanc étant complètement teinté de rouge, gommant complètement les contrastes. Tout cela n’aide pas vraiment à comprendre ce que l’on voit, alors que c’est passionnant. Nos explorateurs revêtent une tenue de motard avec des casques d’aviateurs, mais comme ces derniers avaient tendance à se couvrir de buée, le réalisateur a décidé de faire enlever purement et simplement les visières, car il est davantage important de filmer les expressions faciales des acteurs que de se plier à une quelconque cohérence physique. D’ailleurs, on n’a qu’à dire qu’il y a une atmosphère respirable. Il semble en effet que la végétation martienne ressemble à s’y méprendre à celle du désert californien vu par un filtre rouge. Toutefois, cette bio-diversité a laissé apparaitre des créatures plus fantaisistes, comme une gigantesque plante carnivore en mousse, sur laquelle essaye de bronzer notre scientifique de service. Ah, ces femmes ! Mais Melchior repousse encore plus loin les limites de l’exotisme avec l’apparition terrifiante d’un rat araignée géant (de quoi hurler pendant plusieurs minutes, je n’ose imaginer combien de spectatrices terrifiées se sont lovées dans les bras de leur tendre, pendant que celui-ci rendait grâce à Melchior pour ces monuments de cinéma qui vous arrangent bien des coups sans longues négociations), et une méduse géante avec des yeux en balle de ping pong ! Et avec des bâtiments futuristes et une mer rouge ! Non, mais quand on dépasse les bornes, il n’y a plus de limites ! Malgré le ridicule de la démesure du bestiaire déployé sous nos yeux, Angry red planet adopte un ton très sérieux, et ose même faire un petit twist avec un final menaçant (car si nous avons vu des bâtiments ressemblant étrangement à des dessins rouges, leurs occupants sont restés bien discrets). En bref, si le voyage sur mars tient gentiment ses promesses nanardes, le reste se suit gentiment, avec un bâillement toujours contenu mais prêt à s’exprimer. Un gentil petit nanar en somme, qui se vautre dans le ridicule avec toujours la même énergie, mais en restant plus bavard que vraiment porté sur l’aventure…

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le 26 mai 2014

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Voracinéphile

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