Jeter l'argent par les fenêtres
Lucas Belvaux fait partie de ces cinéastes qui s'améliorent joliment avec le temps! Son tryptique était chouette mais comportait quelques défauts. La raison du plus faible est un polar social à l'ancienne très efficace.
Il aurait facilement pu sombrer dans le misérabilisme vu le sujet, mais Belvaux évite cela, ne s'appitoie jamais sur le sort de ses personnages, et lorsqu'on voit la misère c'est pour construire le personnage. Par exemple il est important de montrer que deux des héros sontdiminués physiquement, non pas par pur plaisir, mais au contraire pour justifier leur prise de décision. D'ailleurs Belvaux ne tombe pas dans la contemplation, les plans sont courts, nets et incisifs.
J'apprécie toute l'ambiance de ce film ; un découpage classique mais efficace, une photographie clairs obscurs aux compositions très géométriques, une musique un rien Jazzy et toujours très calme, un casting efficace (des gueules!). Lucas ne fait jamais que réutiliser les mêmes ficelles que dans ses précédentes oeuvres, mais il va plus loin, il s'améliore. En fait, il réalise un film à l'ancienne, on peut facilement déceler ses inspirations dans les vieux polars depuis les années 40 jusque dans les années 70.
Le scénario est plutôt bien écrit ; Lucas parvient à mêler social et polar sans que ça ne soit trop lourd. Au contraire, l'aspect polar permet de dynamiser et de justement éviter le misérabilisme qu'annonçait le sujet principal. Les personnages sont très bien construits ; ils suivent une logique interne qu'il est difficile de remettre en cause.
C'est donc du très bon boulot qu'a fait là Lucas Belvaux et j'avoue apprécier davantage ce revisionnage! Maintenant j'ai hâte de revoir 'Rapt' et de découvrir 38 témoins. J'ai aussi appris qu'il avait réalisé une série de deux épisodes, histoire toujours basée sur un fait réel, mais je n'arrive pas à mettre la main dessus, hélas.