LA ROUTE SAUVAGE (2017) de Andrew Haigh

Âpre récit d'apprentissage de Charley, jeune homme de 15ans arrivé tout juste en Oregon, qui va fuir d'Ouest en Est (l'inverse des pionniers) ces maux intérieurs, afin d'en faire le deuil, accompagné de son cheval "compagnon de route", pour tenter de retrouver une stabilité affective auprès d'une tante dont il n'a plus de nouvelles.

La mise en scène élégante toujours à bonne distance, suit cette fuite en avant équestre et en marche, à travers une Amérique redneck, où les paysages sont des métaphores du désert mental d'habitants brisés par leurs rêves inaccessibles de l'American dream. Le cinéaste opte pour une caméra offrant toujours des points de vus infinis jouant avec les grands espaces et des rapprochements tout près du héros pour saisir au mieux ses méandres intimes, avec la nature comme centre de gravité et refuge à cette quête magnifiée par une superbe photographie.

Le sobre récit cohérent et sensible décline ce road trip initiatique comme une véritable odyssée où chaque rude épreuve, parfois brutale, sonne non pas le glas mais comme une marche supplémentaire vers cette paix intime tant convoitée dans ce périple vers la seule cellule familiale clémente que la vie lui propose encore.

La narration sociale mélodramatique reste pudique jusqu'à la libération intérieure du héros, sans jamais tomber dans le sordide malgré certaines situations précaires, en empruntant des chemins sortant des sentiers battus des productions indépendantes américaines habituelles. Ce magnifique film d'errance doux et cruel est littéralement sublimé par la révélation de l'envoûtant, lumineux et charismatique Charlie Plummer qui imprime avec justesse la pellicule comme une légende tout au long de son parcours courageux.

Venez accompagner Charley et "Lean on Pete" dans cette traversée de territoires crépusculaires psychologiques et géographiques empruntées à travers La Route sauvage. Mélancolique. Superbe. Émouvant.

seb2046
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 1 mai 2018

Critique lue 948 fois

10 j'aime

4 commentaires

seb2046

Écrit par

Critique lue 948 fois

10
4

D'autres avis sur La Route sauvage

La Route sauvage
seb2046
7

Le pied à l'étrier...

LA ROUTE SAUVAGE (2017) de Andrew HaighÂpre récit d'apprentissage de Charley, jeune homme de 15ans arrivé tout juste en Oregon, qui va fuir d'Ouest en Est (l'inverse des pionniers) ces maux...

le 1 mai 2018

10 j'aime

4

La Route sauvage
Fritz_Langueur
10

Les grandes espérances

Et 1... et 2... et 3 bravo ! Avec "La route sauvage", Andrew Haigh... est brillamment passé du stade de réalisateur en devenir à celui d'auteur/metteur en scène de valeur qui pourrait faire sienne...

le 8 mai 2018

10 j'aime

4

La Route sauvage
Thibault_du_Verne
8

LA ROUTE SAUVAGE – 15/20

Road movie délicat et pertinent porté par la lumineuse interprétation du jeune Charlie Plummer, La Route Sauvage se positionne dans l’excellence du cinéma indépendant américain, se soustrayant aux...

le 10 mai 2018

7 j'aime

1

Du même critique

Plaire, aimer et courir vite
seb2046
8

Jacques et le garçon formidable...

PLAIRE, AIMER ET COURIR VITE (2018) de Christophe Honoré Cette superbe romance en plein été 93, conte la rencontre entre Arthur, jeune étudiant breton de 22 ans et Jacques, un écrivain parisien qui a...

le 11 mai 2018

36 j'aime

7

Moi, Tonya
seb2046
7

Wounds and cry...

MOI, TONYA (15,3) (Craig Gillespie, USA, 2018, 121min) : Étonnant Biopic narrant le destin tragique de Tonya Harding, patineuse artistique, célèbre pour être la première à avoir fait un triple axel...

le 19 févr. 2018

32 j'aime

2

La Villa
seb2046
7

La nostalgie camarade...

LA VILLA (14,8) (Robert Guédiguian, FRA, 2017, 107min) : Cette délicate chronique chorale aux résonances sociales et politiques narre le destin de 2 frères et une sœur, réunis dans la villa familiale...

le 30 nov. 2017

30 j'aime

4