Sérieusement, qu’est-ce que je vais pouvoir dire de nouveau sur ce film ? Si je veux être respecté sur Sens critique, je dois écrire sur un classique. Mais si j’écris des banalités, tout le monde va voir mon absence de culture cinématographique.


Merde, comment être moderne, innovant et cultivé ? Je sais, je vais la jouer comme Alain Minc, Michel Houellebecq, PPDA, Joseph Macé-Scaron, Gilles Benheim…. Je vais plagier d’autres auteurs, mais en prenant un autre film.


Dans une Amérique profondément sauvage, [Charlot], un trappeur, est attaqué par un ours et grièvement blessé. Abandonné par ses équipiers, il est laissé pour mort. Mais [Charlot] refuse de mourir. Seul, armé de sa volonté et porté par l’amour qu’il voue à [Georgia], [Charlot] entreprend un voyage [...] dans un environnement hostile, sur la piste de l’homme qui l’a trahi. Sa soif de vengeance va se transformer en une lutte héroïque pour braver tous les obstacles, revenir chez lui et trouver la rédemption.


Et hop, ni vu ni connu. Maintenant, faudrait que j’écrive une critique… Bon, je vais le faire, avec une revue de presse, mais pas de critiques sur le SC surtout. Entre Senscritiqueur, il faut garder une éthique.


Une longue odyssée sauvage, vertigineuse et spectaculaire, organique, lyrique et spirituelle. [Voici] Une épopée grandiose menée par [Charlie Chaplin], méconnaissable et impressionnant en trappeur qui lutte pour sa survie, à travers une nature magnifiée qui devient peu à peu un personnage inquiétant et hostile devant la caméra du maître [Charlie Chaplin]. [TF1 News] L’acteur est saisissant et sauvage jusque dans son souffle, qui épouse les craquements de cette nature indomptable. L’ensemble n’en est que plus beau et brutal. Un chef-d’œuvre, stupéfiant et fascinant ! [Télé 2 semaines] Fresque à la fois intimiste et lyrique avec peu de dialogues et à la réalisation magistrale, le film est littéralement porté par la prestation bluffante de [Charlie Chaplin]. Du grand cinéma âpre et captivant. [Femme Actuelle] Il y a une folie hollywoodienne, captivante en soi, dans cette succession d'épreuves inhumaines, qui sont autant de défis lancés à tous : réalisateur, techniciens, comédiens et spectateurs. [Télérama]


Délaissant ses œuvres chorales alambiquées et ses expériences tortueuses, [Charlie Chaplin] décrit un processus quasi unique, un long chemin de croix non dénué d’une certaine harmonie formelle et faisant la part belle au paysage. Cela dit, le caractère mécanique et répétitif des infortunes du héros éclipse presque la dimension naturelle de l’aventure. [L'Humanité] Juste retour des choses (...), c'est sur l'impossibilité de représenter la vraie sauvagerie que bute le cinéaste : jamais ours numérique (...) n'a paru plus artificiel ou plus bidon. Cet effet qui fait pschitt donne, hélas, le ton du film tout entier. [Télérama]


C’est justement cette combinaison hétéroclite de défauts et d’immenses qualités qui en font non pas un chef d’œuvre, mais une création à part, un plaisir brutal et inédit. [Ecran Large]


Sur un malentendu, ça peut marcher.


Qu’aurais-je pu dire sinon ? Que cette scène d’ouverture, avec cette longue file de prospecteurs à flanc de montagne, est saisissante et m’a fait penser au début du Aguirre d’Herzog ? Que le regarder en version parlante, pour faciliter la compréhension pour ma co-spectatrice de 7 ans, est une erreur car le jeu de Chaplin n’a pas besoin de mots pour exprimer sa puissance ? Que le réalisateur-acteur a cette force de faire une comédie burlesque tout en évoquant la cruelle réalité d’un mythe fondateur américain ? Que la ruée vers l’or est l’illustration grotesque du rêve américain ? Que l’illusoire simplicité de la scène des petits pains est une merveille intemporelle ? Que le film sonde avec tendresse les travers de la nature humaine ? Que Chaplin est tout simplement un pur génie ?
Sérieusement, j’aurais l’impression d’enfoncer des portes ouvertes sur un gouffre sans fond.

Créée

le 17 août 2016

Critique lue 618 fois

12 j'aime

2 commentaires

Caledodub

Écrit par

Critique lue 618 fois

12
2

D'autres avis sur La Ruée vers l'or

La Ruée vers l'or
Sergent_Pepper
9

After the gold crush.

La longue file des aspirants à la fortune qui serpente dans la glace en ouverture du film semble à bien des égards figuer, a posteriori, celle des foules qui se pressent à la projection du prodige...

le 19 févr. 2015

69 j'aime

10

La Ruée vers l'or
blig
9

Charlie qui claudique

Il claudique Charlie, Charlot, le vagabond solitaire sans-le-sou en équilibre précaire sur la corniche des montagnes enneigées d'Alaska, mais ne tombe pas. Heureux sont les insouciants, les...

Par

le 2 déc. 2014

40 j'aime

10

La Ruée vers l'or
Docteur_Jivago
10

L’ordre qui trépasse

Je n'ai jamais vu quelqu'un aussi bien mêler la tragédie et la comédie que Charlie Chaplin, et à mon sens, La Ruée vers l'Or est son sommet, alors qu'il s'inspire d'une histoire vraie, celle d'une...

le 1 avr. 2014

29 j'aime

3

Du même critique

Star Wars - Le Réveil de la Force
Caledodub
9

Le réveil de la pantoufle

Je me suis acheté une nouvelle paire de pantoufles . Je prend toujours le même modèle. J'ai découvert la marque gamin, elle était déjà sortie depuis longtemps. Je m'y suis senti bien de suite. Elles...

le 29 déc. 2015

74 j'aime

29

Le Monde secret des Emojis
Caledodub
1

Purge

░░░░░░░░░░░░░░░░░░░░░░░░░░░░░░░░░░░░░░░░░ ░░░░░░░░░░░░░░░▓████████▓░░░░░░░░░░░░░░░░ ░░░░░░░░░░░░░░▒█████████▓▒░░░░░░░░░░░░░░░ ░░░░░░░░░░░░░░░▓██▓▓▓▓▓▓███░░░░░░░░░░░░░░...

le 10 déc. 2017

64 j'aime

15

Star Wars - L'Ascension de Skywalker
Caledodub
4

Holiday Special

_ Papa, est-ce que le père Noël existe vraiment ? _ Je ne sais pas ma puce. Moi, je n’y crois plus vraiment, mais toi, est-ce que tu y crois ? _ … Oui. _ Alors c’est le plus important. _ Super, alors...

le 20 déc. 2019

61 j'aime

32