Ni drôle, ni émouvant, ce film apparaît surtout vain et anodin sans être déplaisant pour autant.

Le second long-métrage réalisé par Louis-Do de Lencquesaing avait tout pour être réussi, de son casting hautement sympathique à son sujet central qu’est la famille, sujet qui est certainement l’un des plus utilisés (et balisés) sur grand écran. Notamment dans le cadre des comédies et des drames. Bizarrement, « La Sainte Famille » se posait au croisement de ces deux genres mais n’est finalement ni l’un, ni l’autre, pas plus que le mélange des deux, la comédie dramatique. Difficile à ranger dans une quelconque catégorie, on dira que c’est une chronique familiale douce-amère qui tente maladroitement de dire que la famille est le socle de nos névroses tout autant que du vivre-ensemble. Pour cela, le réalisateur, qui tient également le rôle principal, va slalomer entre les différents personnages de son scénario peu construit et aléatoire de manière quelque peu erratique et sans réelle logique.


Les personnages évoluent encore dans le milieu bourgeois, ce qui peut aussi agacer comme s’il était plus facile (et lâche ?) de représenter à l’écran les tergiversations de gens aisés que ceux moins dotés. Ceci mis de côté, on peine à s’intéresser aux petits soucis de ces nantis sous forme d’enterrements, de partage d’héritage, de tromperie ou d’homosexualité cachée. Lencquesaing effleure pas mal de sujets mais n’en approfondit aucun. Il y a là plusieurs embryons d’histoires épars, comme des sous-intrigues placées au gré du script qui n’ont ni véritable début ni véritable épilogue. Le genre d’œuvre dont le propos reste continuellement en surface et qui n’a pas de réel but. On aurait aussi bien pu lui ajouter des scènes pour densifier l’intrigue ou la rendre plus intéressante comme en enlever certaines pour supprimer des personnages que cela n’aurait rien changer au résultat.


Il y a cependant quelques bonnes répliques, surtout venant de la bouche de l’impeccable Marthe Keller, mais noyées dans un océan de vacuité et les errances du personnage principal, qui se balade d’un interlocuteur à l’autre sans plus de motivations que ça. Les atermoiements de celui-ci peinent à passionner et on finit par suivre tout cela avec un intérêt mitigé sans que ce soit déplaisant non plus. En effet, « La Sainte Famille » a beau être décevant et guère passionnant, il parvient paradoxalement à ne pas être ennuyant non plus. Juste des bons acteurs qui se donnent la réplique chacun de leur côté au sein d’un ensemble décousu et monotone. Le genre de long-métrage dont le côté anecdotique empêche de se souvenir durablement à la sortie de la projection. Du cinéma d’auteur un peu vain et nombriliste mais fait avec assez d’application tout de même pour ne pas s’avérer désagréable.


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JorikVesperhaven
5

Créée

le 3 janv. 2020

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Rémy Fiers

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