Minute papillon

Lou Ye, je l'avais découvert avec "Suzhou River", un film agréablement emberlificoté. Depuis, il m'a plutôt déçu, et le visionnage récent de "Purple Butterfly" (et de "Love and Bruises" par ailleurs) me convainc malheureusement que son talent est surestimé. "Purple Butterfly" essaie d'être deux films en même temps, d'une part une chronique historique à la Chen Kaige et d'autre part une histoire d'amour racontée dans le désordre à la Wong Kar-wai, et à force de papillonner de l'un à l'autre, il devient un hybride bancal qui laisse le spectateur déconcerté et sur sa faim.

Je ne demandais pas mieux que de me laisser entraîner dans cette histoire de résistants chinois contre l'impérialisme japonais, et après tout, si la prévisible attirance-entre-la-jeune-patriote-chinoise-et-le-bel-ennemi-qu'elle-doit-éliminer devait se greffer dessus, pourquoi pas, Ang Lee a réussi le superbe "Lust, Caution" avec le même concept de base. Mais là, la sauce ne prend pas, et les affectations de montage et de mise en scène finissent par étouffer le scénario; même les acteurs ont l'air de se demander ce qu'il doivent faire. Et comble de la prétention, ces images d'archives sur la bataille de Shanghai et le viol de Nankin qui donnent au film un épilogue aussi gratuit que malvenu.

Je lui attribue in extremis la moyenne, mais c'est vraiment parce que cette période de l'histoire de Chine me passionne. Quiconque ne saurait pas quelle est précisément la situation politique en Mandchourie de 1928 à 1931, puisque tout le film repose là-dessus, risque de s'ennuyer ferme.