Un film passionnant qui plonge dans le quotidien des soldats du plan Vigipirate avec un final qui me

Ce premier film est une excellente surprise que l’on n’avait pas vu venir. Le titre est évocateur et assimile cette troisième guerre à celle, plus invisible et sournoise, contre le terrorisme. Celle qui justifie le déploiement de l’armée dans nos rues depuis le lancement du plan Vigipirate en 2013 et de la mission Sentinelle. Par le biais d’une nouvelle recrue de l’armée on plonge donc dans le quotidien de ces soldats déployés dans les grandes villes pour tempérer la menace invisible mais toujours présente du terrorisme. L’avantage de « La Troisième Guerre » est qu’il semble traiter tous les aspects de ce sujet jamais vu au cinéma, ce qui le rend d’autant plus passionnant, surtout que ce sont plus les américains qui se lancent dans ce type de récit. Sans être un documentaire, ni vraiment un thriller ou un film de guerre, ce premier long-métrage de l’inconnu Giovanni Aloi captive et intéresse durablement avec son mélange hybride mais abouti et maîtrisé.


Le scénario prend bien en compte tous les tenants et les aboutissants du métier de militaire sans trop rentrer dans les détails déjà vus ailleurs mais, surtout, nous fait comprendre et vulgarise les enjeux de ces missions de surveillance dans les grandes villes. Des missions que tout un chacun a pu voir ou ressentir en se baladant sans chercher ce qu’il y avait vraiment derrière. Un peu de psychologie, un peu de chronique d’un métier particulier, un peu de suspense mais aussi un peu de technique et logistique militaire (ce que peuvent faire ou pas ces militaires dans le quotidien de leur mission sans marcher sur les plates-bandes de la police par exemple), « La Troisième Guerre » semble complet et clair sur le sujet. On apprend des choses et on est constamment intéressé par ce que vit le personnage principal et ceux qui l’entourent. Alors on pourra effectivement trouver que le film aurait pu être plus long et fouiller plus certains aspects mais il est concis et ne souffre pas de lacunes narratives pour autant. Le sujet est tellement passionnant qu’on n’aurait peut-être pas dit non à plus de séquences sur le terrain par exemple.


La mise en scène d’Aloi est très bien pour une première, il sait aussi bien faire monter la tension que poser sa caméra de manière probante dans des scènes plus intimes. Anthony Bajon est parfait en nouvelle recrue adepte de l’ordre et confirme tout le bien que l’on pense de lui depuis, entre autres, « Au nom de la terre ». Leklou trouve un rôle de militaire un peu borderline qui lui va comme un gant et Leila Bekthi surprend encore après « Le Grand Bain » dans un rôle à contre-emploi où elle est étonnamment crédible mais dont le rôle aurait pu être plus étoffé. Le film s’avère instructif à plus d’un titre et on passe d’une scène à l’autre avec plaisir et curiosité sans qu’il n’y ait pour autant de fil directeur dans l’intrigue. Les vingt dernières minutes, en mêlant les Gilets Jaunes et manifestations à la trajectoire des trois personnages, nous assène une claque que l’on ne voit pas venir. Haletant, choquant et terriblement maîtrisé, le final met KO et surprend. On sort de la projection sonné et avec l’impression d’avoir appris quelque chose en plus d’avoir été remué. Un réalisateur à suivre et un film de terreur sociale et réaliste caché sous la chronique militaire.


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JorikVesperhaven
7

Créée

le 14 nov. 2020

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Rémy Fiers

Écrit par

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