Connu pour être le premier film où Robert Mitchum a le rôle principal, La vallée de la peur est un mélange de western et de noir étonnant à plus d'un titre. Déjà par l'utilisation très habile des flashback, où on découvre que le personnage de Mitchum a un traumatisme d'enfance lié à des bottes où étaient accrochés des éperons. Puis, par la composition de sa famille de substitution, où il est intégré bon gré mal gré avec une fille pour qui il aura des sentiments, et un frère dont l'animosité sera toujours là.
Et il y a aussi le travail de mise en scène de Raoul Walsh que je trouve toujours étonnant, comme la scène du procès, l'utilisation des cadrages souvent élargie malgré le format carré. Mais plus encore, je retiens cette formidable lumière signée James Wong Howe, qui a travaillé sur des tas de chefs d’œuvres. Cette photo est très sombre, mais le travail sur le personnage de Mitchum donne l'impression qu'il est constamment enfermé, emprisonné, à la mesure du traumatisme d'enfance qu'il a vécu, et dont on connaitra les tenants et aboutissants dans une histoire vraiment passionnante.
Outre Mitchum, déjà au top malgré son air nonchalant, je souligne aussi la prestation de Teresa Wright, qui incarne son grand amour, mais aussi sa soeur, l'odeur d'inceste n'étant jamais loin, car elle n'incarne pas un rôle de potiche, mais a une véritable importance, jusqu'à fermer le ban de l'histoire, contrairement aux Westerns classiques où le héros vient sauver sa dulcinée.
On retrouve aussi Dean Jagger, mais en dire plus sur son rôle reviendrait à déflorer le secret du film.
Malgré peut-être un petit ventre mou au milieu du récit, le film m'a vraiment passionné, sur la recherche d'un trauma d'enfance, et avec toujours le talent de Walsh et son scénariste Niven Busch.