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Greengrass reprend la formule développée sur le second volet de la trilogie et l’affine, mettant de nouveau de côté l’aspect plus posé du premier film. Suite directe donc, qui reprend à peine dix minutes après le final de Supremacy et propose de nouveau de nous faire voyager dans des grandes métropoles filmées sans glamourisation de cartes postales.
Ultimatum est porté par deux grandes scènes qui se font en miroir l’une de l’autre. Des filatures à deux niveaux entre Bourne, son alter-ego de la CIA et les hommes de main qui font office de chair à canon, et une cible sans défense au milieu de tout ça, le tout perdu dans la foule de Waterloo Station ou de la médina de Tanger. Deux séquences motrices qui de par la montée en pression constante qu’elles proposent sur une vingtaine de minutes mettent le spectateur dans une forme d’exaltation face à l’efficacité de l’agent amnésique. Le montage nous perd dans la foule et fait monter la parano, tandis que le Jason qui galérait à descendre une façade d’immeuble dans Identity se met à faire du parkour et du trial pour se mouvoir dans les cités et infrastructures labyrinthiques sans perdre sa cible de vue.
Dommage alors que ces deux grands moments de tension soient liés par des séquences explicatives plus mollassonnes constituant de véritables ventres mous, ou que le montage frénétique et la caméra portée viennent parfois nuire à la lisibilité comme dans cette scène de course-poursuite motorisée à New-York que l’on peine à comprendre. Quant aux pugilats, ils alternent entre ce même découpage confus, sans doute dû au fait que Matt Damon ne peut pas se mouvoir comme le Iko Uwais de The Raid et qu’il faut donc camoufler la doublure, et d’autres scènes plus réjouissantes faisant usage des éléments du décors comme armes improvisées façon Jackie Chan. J’aime voir un zig se faire dézinguer la trachée par une tranche de bouquin.
Ultimatum ne gomme pas tous les défauts de son prédécesseur, mais il bâtit plus amplement sur ses qualités et parvient ainsi à le surpasser. Reste ce final sans originalité qui fait un peu tâche.