Une idylle légère, un contexte professionnel minimal, une relation résumable sur quelques lignes qui se prétend grand amour, et puis un duo de stars qu'on envoie aux Caraïbes (au prétexte de la Lune de miel) comme pour laisser une part égale à la psychologie et aux bikinis... Norman René fait les choses en vrac pour nous dire bien en face que Broadway aussi ose s'emparer du thème du body-swap.


Son film paraît court, mais heureusement pas seulement parce qu'il est vide : au hasard de ses rebondissements théâtraux, il pose presqu'involontairement une réflexion plutôt intéressante (bien qu'elle est brève et peu poussée) sur "l'endroit" où se situe l'amour. Le repère n'est plus forcément physique, ce qui est inattendu pour du body-swap (réputé cul-cul, sans mauvais jeu de mots) et un pas en avant pour la grande industrie américaine dépendante de ses stars. Un progrès d'autant plus significatif qu'elle se sert d'une de ses icônes masculines à cette fin : Alec Baldwin. En faire un premier rôle lucide et pas trop bébête qui est loin de penser avec ses hormones, ce n'était pas un coup gagné d'avance, et cela place entre des transitions classiques une douceur romantique dont on aurait dû prendre mieux soin.


On aura trop l'impression que chaque acte sert de décor à un autre, que rien n'est permanent ni solide dans A Prelude to a Kiss. Encore moins la romance, qui est légèrement (et sûrement involontairement) parodiée à ses instants les plus délicats. Pourtant, il y avait de l'idée, et ça se verra au moins dans un scénario qui sait délaisser un peu les thèmes de l'amour et du body-swap pour poser sa problématique propre.


Quantième Art

EowynCwper
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le 29 janv. 2021

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