• Le monde se divise en deux mon ami, ceux qui ont la corde au cou et ceux qui la leur coupent…

  • Oui seulement celui qu’a la corde cou c’est moi, moi je risque gros, c’est pourquoi la prochaine fois j’veux plus de la moitié !

  • Mmhhh, oui tu as la corde au cou, mais moi je tire, et si tu me rogne mon pourcentage... cigare ?... qui sait, il peut arriver qu’je rate mon coup mmhh ?



Sergio Leone, cinéaste de génie a l'originalité sans failles, conclut avec brio sa renommée "Trilogie du dollar ", avec un western culte au succès encore aujourd'hui phénoménal, dû à un scénario génialement construit, proposant un récit violent à l'humour jubilatoire, appuyé d'une réalisation grandiose, dont un trio d'acteurs à la présence inoubliable, incarnant trois personnages mythiques n'obéissant à aucune règle, aucun groupe, ni aucune idéologie.



Le Bon, ##




Il y a deux sortes de gens : ceux qui ont un pistolet chargé, et ceux qui creusent. Toi, tu creuses.



Clint Eastwood achève magnifiquement sa collaboration fructueuse avec Sergio Leone en reprenant une fois de plus son rôle légendaire de "l'Homme sans nom" (bien qu'il s'appelle "Blondin", alias "Le Bon", qualificatif à mettre entre de gros guillemets !), ce qui vaudra à son personnage une place au panthéon du cinéma. Élément rare pour un western.
Peu expressif, droit, silencieux et Pistolero de génie, Blondin incarne le mâle alpha dans toute sa splendeur.
Le héros presque parfait, puisque étant un chasseur de primes arnaqueurs aux méthodes douteuses. De la trilogie du Dollar, Clint incarne avec Blondin son meilleur personnage. Trouvant ici un rôle ayant bien plus de relief et de subtilité. Un brin salopard et imprévisible.



la Brute




Au fait, j'oubliais : lui m'a donné 1000 dollars. Je crois qu'il voulait que je te tue. Et je finis toujours un travail payé. Tu le sais.



Lee Van Cleef dans le rôle de Sentenza surnommé "Oeil d'ange" (surnom que l'on doit au comédien Éli Wallach), alias "La Brute", incarne un assassin froid, d'une brutalité à toute épreuve n'éprouvant aucun remords, ni aucune pitié.
Impitoyable et cruel, il est prêt à tuer n'importe qui pour de l'argent.
Son seul code d'honneur se situe dans le fait qu'il remplit toujours ses contrats.
Lee Van Cleef avec son regard perçant et son sourire perfide, livre une excellente performance dans laquelle il s'avère effrayant dans ce rôle surprenant. Malheureusement, du trio, Oeil d'Ange n'est pas autant présent à l'écran que les deux autres, ce qui est dommage car on a tendance à quelquefois l'oublier durant le récit.



et le Truand




Quand on tire, on tire. On ne raconte pas sa vie.



Eli Wallach dans le rôle de Tuco, alias "Le truand", incarne l'énergie du film. Personnage au visage double, capable du meilleur comme du pire. Tuco est la parfaite représentation de l'humain, avec un côté arrogant, violent et détestable, autant que passionnée, aimant et bon vivant. Une finesse d'écriture faisant la grandeur de ce personnage.
Eli Wallach pour sa première dans ce genre rôle est une véritable surprise, donnant vie avec énormément de réalisme et de vigueur au rôle de Tuco. Capable en une fraction de seconde de passer du burlesque à inquiétant, de dépravé à charismatique. Une incarnation sympathique des plus surprenantes que je ne peux qu'applaudir avec sincérité.


La relation entre Tuco et Blondin est exceptionnelle. L'appellation du "truand" et du "bon" est très ambigu entre les deux hommes, qui pourraient aussi bien être l'un comme l'autre. Par contre, aucun doute possible autour d'Oeil d'ange.


Le reste de la distribution fait dans l'ensemble du très bon travail, n'atteignant jamais le prestige des personnages principaux (sauf dans un cas précis dans lequel je reviendrais plus tard). Que ce soit le vieux propriétaire du magasin, le bourru et bourreau caporal Wallace, le fameux Jackson, le petit frère moine de Tuco, le chasseur de primes manchot, les soldats Sudistes, les soldats Nordistes... Tous ajoutent une caractérisation efficace, collant subtilement au long-métrage. Toutefois, les dames n'ont pas leur place dans cette pièce bourrée de testostérone.




  • Dis donc toi, tu sais que tu as la tête de quelqu’un qui vaut 2000 dollars !

  • Oui… Mais toi tu n’as pas la tête de celui qui les encaissera.



Sergio Leone continue d'enfreindre avec intelligence les règles des westerns typiques, en présentant un film intelligent, froid, implacable et ironique laissant peu de place aux discours, mais aussi aux duels, pour plus de contemplation. La réalisation est absolument magnifique. Le cinéaste apporte une dimension visuelle extrêmement riche. On retrouve la caractéristique technique de Leone avec une constante alternance entre de gros plans figés sur des visages souvent incongrus et des plans extrêmement larges. Des silhouettes tout du long absorbées par un vaste paysage mystérieux et intemporel qui constamment évoluent à travers une mise en scène tout du long irréprochable. Le point culminant étant atteint durant la fabuleuse scène du cimetière, qui est extrêmement bien filmée. Une fresque spectaculaire et épique, mêlant efficacement l'esprit du Far West à celui des champs de bataille de la guerre. En découle un récit habilement construit, dans lequel on retrouve la qualité d'un drame lyrique teinté de violence, d'ironie, d'amertume et d'humour, avec de nombreuses répliques cultes, laissant place à une intrigue qui ne se précipite jamais, prenant son temps pour arriver au but visé.


Sergio Leone se livre toujours plus, apportant tout du long un oeil critique au conflit violent et absurde qui aura opposé les Américains avec la guerre de Sécession, mais aussi autour de la Première Guerre Mondiale. Un gâchis démesuré de vies humaines que le cinéaste n'oublie pas de mentionner à plusieurs reprises dans son film, notamment avec la scène extraordinaire du pont avec les deux armées postées de chaque côté d'une rivière, avec une inspiration évidente de la première Guerre Mondiale avec le système des tranchées. On retrouvera durant ce chapitre un autre personnage formidable (que je mets malgré sa courte apparition au même niveau que les 3 stars) avec le commandant nordiste alcoolique, incarné avec brio par Aldo Giuffré. Malgré l'efficacité d'Aldo Giuffré, j'aurais adoré trouver à sa place le comédien Gian Maria Volontè pour incarner ce rôle. Gian Maria volontè aurait été un magnifique clin d'oeil, étant lui aussi présent dans les trois films.


Le Bon, la Brute et le Truand, s'est également une multitude de péripéties riches en rebondissements, amenant bon nombre de séquences étonnantes comme avec le génialissime générique d'ouverture; la remarquable introduction des trois personnages principaux; les longues traversées du désert avec le jeu de traque entre Blondin et Tuco; le camp de prisonniers avec l'implacable torture sous la musique et les chants des prisonniers qui couvrent les cris du supplicié; l'admirable confrontation du pont (comprenant les plus grandes allusions du cinéaste); tout comme le plan final avec la réapparition des noms du Truand, de La Brute et du Bon (une clôture magique); et bien plus encore. Une conclusion dans les honneurs ! Le duel final à trois est génial, prenant tout son temps faisant ainsi monter crescendo la tension. Gros plans sur les colts et sur les yeux, la caméra au départ lointain est de plus en plus serrée sur les visages suintant des trois personnages. Le rythme de cette confrontation avec la musique d'Ennio Morricone renforce intensément la séquence, jusqu'à ce que retentissent les colts.


Ma séquence préférée étant la découverte du cimetière par un Tuco frénétique, lancé à vive allure entre les croix, pour retrouver la fameuse tombe d'Arch Stanton. Une scène qui signe enfin la fin du long périple, la concrétisation de tout ce bordel. Le tout, largement amplifié par le titre musical "L'estasi dell' oro" d'Ennio Morricone. Une séquence incontournable. Du grand art cinématographique, transmettant un frisson sensationnel dans tout le corps !


La musique d'Ennio Morricone revient avec toujours plus de force et de vitalité, conférant un souffle épique et dynamique magistrale. Des titres sublimes fasconnés par un compositeur impérial faisant de ses mélodies des titres grandioses et obsédants, magnifiant chaque séquence qu'elle soit dramatique, comique, pleine d'action ou d'intensité. Une composition culte symbolisant l'esprit d'un génie jamais égalé, surpassant l'ensemble des compositeurs du genre. Son travail laisse une véritable identité d'ambiance à la trilogie de Sergio Leone qui une fois encore a su intelligemment s'entourer. Des années après, ce chef-d'oeuvre musical nous fait encore ressentir bon nombre d'émotions. Véritable tour de force anthologique du plus grand compositeur de tous les temps !


CONCLUSION :


Le Bon, la Brute et le Truand est un western incroyable dans lequel le réalisateur Sergio Leone repousse toutes les limites. Une épopée grandiose, brutale et ironique mettant en avant trois personnages principaux mémorables et cultes, incarnés par des comédiens incroyables. La technique du cinéaste est insurrectionnelle, le message dressé est fort impactant, sans oublier l'insondable musique emblématique d'Ennio Morricone. Des hommes d'exception pour un résultat formidable ! Un western ambitieux ! Un western révolutionnaire ! Un western béni des dieux !


Un des plus grands westerns de l'histoire du cinéma !!!




  • Combien t’a-t-il payé pour m’abattre ?

  • Pas loin de mille dollars…

  • Tiens, en voilà deux mille pour toi.

  • Deux mille dollars… La moitié en or ! Plutôt intéressant. Mais… L’ennui, c’est que j’finis toujours l’travail pour l’quel on m’paie…


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le 5 déc. 2020

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