On reproche à ce film son manichéisme, avec d'un côté, le méchant directeur qui pratique le châtiment corporel et les parents autoritaires qui imposent un avenir tout tracé à leur progéniture. Puis, de l'autre, il y a ce prof qu'on rêve tous d'avoir : il te fait sortir de la classe, refuse la dictature du manuel et de la répétition des notions, il est flamboyant et il t'inspire à devenir libre. La vision de la poésie abordée dans ce film est fantastique : elle est sensorielle, primitive, on ne cherche pas tant à la comprendre qu'à la vivre.


Seulement, tout dans le film nous ramène à quelque chose de très cynique, de très fataliste : la jeunesse ne dure qu'un temps, et même s'il faut savoir rêver et se projeter dans un avenir tout autre que celui qu'on nous concocte, le retour à la réalité doit avoir lieu. Je trouve que la remarque d'un élève à la fin est très pertinente sur le sujet : le professeur incarné par Robin Williams n'a abordé que les Romantiques dans son cours de poésie, et jamais il n'a mentionné les Réalistes. Si ces garçons sont la génération qui suit celle de la seconde guerre mondiale, il faut se rappeler que la guerre de Corée est toute récente. Le général Eisenhower est président, et il prépare le pays à la guerre nucléaire avec l'URSS. L'avenir est incertain, le monde est un endroit hostile, d'ailleurs les États-Unis sont encore un pays de ségrégation. Cette génération n'a pas le droit d'être libre. La prochaine le sera davantage.

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le 4 avr. 2016

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