Jean-Pierre Melville livre avec Le Cercle Rouge un polar d'une maîtrise formelle et d'une froideur fascinante. Le film est bien plus qu'une histoire de casse ; c'est une méditation sur la fatalité, l'amitié virile et la solitude de ces hommes qui vivent en marge.
Points Forts
- Mise en scène impeccable et stylisée : Melville atteint ici un sommet dans son esthétisme épuré. Les longs plans, l'absence quasi totale de dialogues pendant la légendaire scène du casse (25 minutes de pur cinéma), créent une ambiance lourde et hypnotique. Le film est une leçon de minimalisme narratif.
- Trio d'acteurs mythique : Alain Delon (Corey) est au sommet de son charisme taiseux, tout en attitudes et regards, prolongeant le personnage du Samouraï.
- Yves Montand (Jansen) est impérial en ancien flic alcoolique et repentant, apportant une intensité tragique. La performance à contre-emploi de Bourvil (Commissaire Mattei) est étonnamment juste et grave, conférant au flic une humanité mélancolique.
- Atmosphère et thèmes : Le film baigne dans une atmosphère "bleu nuit", froide, désenchantée, parfaitement en phase avec le thème du destin inéluctable. La célèbre citation bouddhiste au début pose l'idée du "cercle rouge" où tous les hommes, malgré des chemins divergents, sont inexorablement destinés à se rencontrer.
Les défauts !
- Rythme et longueur : La rigueur et la lenteur de la mise en place, si elles contribuent à l'esthétisme, peuvent parfois créer des longueurs pour le spectateur non initié au style melvillien.
- Dénouement : La fin, bien que conforme à la noirceur et à la fatalité du récit, semble un peu plus abrupte et moins développée par rapport à l'épure minutieuse du reste du film.
En conclusion
Le Cercle Rouge est un classique incontournable du polar français, un chef-d'œuvre de l'élégance et de la fatalité. Son influence est immense. Un film froid, beau, et essentiel.