Le Continent oublié fait partie de ces films aujourd’hui méconnus, mais qui, à en croire certains témoignages, ont marqué la génération de jeunes cinéphiles assoiffés d’aventure des années 70. Suite du Sixième continent, sorti en 1975, et déjà réalisé par Kevin Connor, ce film fantastique à la croisée des chemins entre Jurassic Park, Indiana Jones et La Guerre des étoiles, offre un casting haut en couleur et des panoramas parfois très jolis malgré leur désuétude. Les maquettes, la photographie, les paysages des îles Canaris contrebalancent heureusement une histoire inepte et des effets spéciaux qui ont très, très mal vieilli. Pour rappel, on est en 1977, année de sortie de… La Guerre des étoiles – et la comparaison fait mal.


Après une scène d’ouverture explosive mettant en scène un combat entre un avion et un ptérodactyle – assez ridiculement mu à l’écran –, le tout sur arrière-plan pré-enregistré plutôt laid, l’arrivée sur le « continent oublié » impressionne de par l’usage de maquettes convaincantes et d’effets pyrotechniques généreux. Le premier tiers, consistant à explorer l’île à la recherche d’un ancien ami disparu, permet la mise en place des relations entre les personnages et s’avère être finalement la partie la plus intéressante du film. Les dialogues, l’émerveillement à la vue de certains dinosaures, les longues marches ; tout ceci rend l’escouade attachante. Le dernier tiers, à l’exception de l’escapade finale véritablement épique, ternit ce sentiment par de longues séquences d’action à l’intérieur d’une grotte où les décors ridicules s’enchaînent, le carton-pâte très « Disney Land » ne faisant jamais illusion. Quant aux éclairages et aux costumes, ils apportent un ton kitsch pas toujours du plus bel effet.


Par ailleurs, qui dit nanar ou série B dit bien souvent VF de qualité, c’est un paradoxe. Et Le Continent oublié ne déroge pas à la règle puisque sa VF est vraiment excellente, bien mixée, et plongeant le spectateur dans une ambiance purement seventies qui aide franchement à s’immerger dans l’univers du film.


Côté personnages, rien d’original, mais les acteurs font le boulot. Patrick Wayne, fils du grand John, n’a pas le charisme de son père et son personnage (le principal, en plus) est sans doute le plus lisse d’entre tous. Heureusement, il y a Sarah Douglas, sorte de Princesse Leïa des aventuriers jurassiques, au charme pudique et raffiné. Et de l’autre côté, l’extravagante Dana Gillespie, qui incarne la sauvageonne parlant à moitié anglais, arborant un décolleté invraisemblable et dégageant un sex appeal incommensurable.


Dans une interview très récente, Sarah Douglas et Dana Gillespie confessent que les acteurs étaient déjà conscients, au moment même du tournage, du ratage de certains effets techniques et de l'aspect nanardesque du film. « J’adorais que tout ait l’air d’époque, tout avait l’air un peu mal fait », lance Sarah. Dana, chanteuse de métier et non actrice, avoue qu'elle savait qu’elle n’était là que pour sa poitrine généreuse, son beau visage et son corps de rêve, mais que ça l’amusait d’en jouer, justement, tirant une certaine fierté d’être l’espace d’un film un sex symbol sur grand écran. Un tournage qui, selon leur témoignage, fut mené avec passion, beaucoup (trop) d'amusement, de soirées alcoolisées et de nuits blanches. Mais, en un sens, cette complicité entre les acteurs se ressent vraiment à l'écran.


Contre toute attente, Le Continent oublié est un film plus marquant qu’il n’y paraît. Certes, l’histoire est d’une banalité affligeante, les personnages des clichés ambulants, les animatroniques des dinosaures plus ridicules qu’effrayants, et l’ambiance scellée dans une époque révolue qui sent fort le grenier. Mais finalement, n’est-ce pas ce qu’on cherche lorsqu’on se lance dans ce genre de film ? Dans sa catégorie, et pris pour ce qu’il est, c’est mission réussie, Kevin Connor pouvant même se targuer d’offrir quelques morceaux de bravoure savoureux et une bande-son mémorable !


[Article à retrouver sur Le Mag du ciné]

Grimault_
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le 16 sept. 2019

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Jules

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