L’art du scénario, prolongement de la réalité

Le cours de la vie ne décrit pas seulement la masterclass d’une scénariste vieillissante dans une école de cinéma toulousaine. En effet, le film met en abyme les destinées de Vincent, Noémie et Louison ainsi que de quelques étudiants. Le but étant de faire réaliser que la venue de Noémie Capdenac ( femme de caractère toutefois fragile bien incarnée par Agnès Jaoui) pour une conférence sur l’art du scénario dans l’école de cinéma de Vincent Lartigue ( doux rêveur aux réels tourments bien campé par Jonathan Zaccaï) n’est qu’un prétexte pour solder les comptes de leur séparation de trente ans. Dans le même temps, Louison ( Géraldine Nakache toute en sensibilité rentrée qui va enfin se révéler) fait tomber le masque en dévoilant son deuil d’un mari parti trop tôt rentrant en résonance avec le destin funeste du frère de Noémie. Résumer ainsi le propos ne semble pas si exceptionnel.Pourtant la mise en scène en quasi huit clos de Frédéric Sojcher où les expressions des visages de l’amphithéâtre ( aux moments des projections d’extraits ,qu’on ne voit jamais,de film de Noémie pour étayer son argumentaire) comptent autant que le ping-pong des étudiants avec leur intervenante ( souvent filmée comme une « apparente locutrice  pleine de conviction » en gros plan ) participe à la séparation entre le réel et l’imaginaire.Celle-ci n’étant pas si évidente car l’art du scénario est bel et bien un prolongement de la réalité sous une forme fictionnelle déguisée.Ce que les étudiants constatent aussi de part leurs expériences de vie personnelles dont les dramaturgies en mouvement deviennent leurs terreaux créatifs. Et puis la logique de réalité, ce cours de la vie au fond, reprend le dessus et ses droits jusqu’à l’explication à demi-mots entre Noémie et Vincent où explose sa souffrance d’homme ravagé par un renoncement passé . Et de constater combien il le paye, mais de voir comment Noémie et lui vivèrent leur relation avec les œillères de leurs passions respectives. Ce dernier mouvement nerveux marquant la fin d’un film retors et habité, entre rires et larmes, entre découvertes et faux-semblants.J’espère que Le cours de la vie sera vu, apprécié à sa juste valeur car il rappelle que la complexité des sentiments humains n’est plus à démontrer et qu’elle procure toujours autant de singuliers moments cinématographiques.

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le 21 mai 2023

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