Hercule Poirot passe son temps dans ce film à dire « …but you are not a killer » autrement dit, il passe son temps à essentialiser le concept de tueur, comme si quelqu’un naissait criminel ou non. Et à mon sens c’est extrêmement problématique.
Je sais que ça aurait été anachronique d’avoir un Poirot qui fait de la psychologie, mais dans ce cas, autant ne pas adapter du tout un propos aussi nauséabond. On sait tous aujourd’hui que la « criminalité » de quelqu’un ne se voit pas à son visage, à sa peau, à son accent, ni à quoi que ce soit qui lui soit propre. Ce sont les circonstances qui font le criminel. Prétendre que quelqu’un « is not a killer » par essence, parce que ça se voit, c’est le truc le plus bigot que j’ai entendu dans un film depuis des années. Ce genre de raisonnement conduit nécessairement à de la stigmatisation bête et arbitraire, ceux qui ont vu Mindhunter savent de quoi je parle.
Et le pompon arrive quand un personnage ex tireur d’élite est qualifié à son tour de « not a killer »… Donc en plus de ses âneries essentialisantes, le film nous dit que d’être payé par un état pour aller mettre des balles dans la tête d’autres gens, ce n’est pas « être un tueur ». Alors en réalité c’est quoi « être un tueur » si ce n’est pas tuer des gens et que ça se voit sur le visage ? C’est être le méchant de l’histoire. Ça n’a pas plus de sens.
Et la morale au final, c’est qu’il n’y a pas de tueur dans ce film, parce que préméditer un meurtre à plusieurs par pure vengeance, ce n’est pas « être le méchant de l’histoire » visiblement.
Nique Hollywood.