Une intrigue classique malgré quelques bonnes idées

Le Croque-Mitaine a tout du film d’horreur classique moderne en usant de jump scares plus ou moins douteux et une histoire de boogeyman dont le cinéma nous a tellement abreuvé ces dernières années. Surfant sur un ton plus fantastique, on peut tout de même espérer un récit plus original qu’il en a l’air lui permettant de sortir quelque peu des sentiers connus. C’est le moins qu’on puisse espérer. Si le réalisateur, Rob Savage, est méconnu malgré une expérience dans le cinéma d’horreur indépendant, c’est surtout du côté de l’écriture qu’il faut se tourner. On peut souligner la présence du duo Scott Beck et Scott Woods qui sont les auteurs de Sans un bruit en 2018, film d’horreur qui a su apporter de la fraîcheur avec son concept génial. Malheureusement, les deux compères ne vont pas transformer l’essai et vont se vautrer cette année avec le très moyen 65, la Terre d’avant avec une histoire SF préhistorique bien creuse malgré quelques bonnes idées. Il est donc difficile d’avoir un vrai enthousiasme avec ce nouveau projet mais leur présence a le mérite d’être soulignée car on peut s’attendre à une bonne surprise. A noter que cette histoire est issue de l’esprit de Stephen King dont les œuvres ont nourri le cinéma fantastique et d’horreur avec succès entre le Shining de Stanley Kubrick, Les Evadés, La Ligne Verte ou plus récemment le remake de Ça avec son fameux clown tueur. Mais son auteur est aussi synonyme d’échec voire de navet au grand écran avec Maximum Overdrive, Dreamcatcher et des remakes récents loupés comme Carrie : la Vengeance ou bien Firestarter. Là encore c’est à double tranchant, on ne peut évidemment fermer les yeux sur une adaptation d’une histoire de Stephen King mais ce n’est cependant pas toujours gage de qualité. Le Croque-Mitaine est donc une énigme, on arrive devant l’écran avec beaucoup de questions.

L'introduction donne le ton et ne laisse clairement pas insensible en nous plongeant de suite dans une histoire horrifique dans laquelle on reconnait la patte de son auteur. Il est question d’un monstre qui s’amuse à terroriser les enfants et de se nourrir de leur peur avant de les assassiner. Après cette ouverture, on nous présente un père de famille, psychiatre à domicile et ses deux filles parmi lesquelles on reconnait l’actrice Sophie Thatcher, vue actuellement dans la série Yellowjackets, qui connait une certaine popularité Outre-Atlantique. Une famille qui se remet tout juste du décès de la mère suite à un accident de famille. La caméra met l’accent sur l’aînée des filles et on l’accompagne dans son quotidien notamment au lycée où elle a bien du mal à se remettre de cet évènement tragique. En parallèle, son père reçoit un nouveau patient bien mystérieux qui a récemment perdu ses enfants à cause d’une certaine entité maléfique. Perturbé par son comportement, il décide de passer à autre chose. Cependant, c’est le début du cauchemar pour cette famille et notamment les deux jeunes filles qui vont assister à des phénomènes étranges de plus en plus insistants. Elles vont être la cible de cette entité qui aime à s’attaquer aux âmes perturbées, ici il s’agit du traumatisme de la perte de leur mère. C’est du Stephen King pur jus, cependant l’histoire peine à nous convaincre du fait d’une première heure assez lente qui ne surprend pas et ne fait pas peur tout simplement. Et c’est un problème quand on joue la carte de l’horreur. Au contraire, le film se montre bavard peut-être parfois trop et se contente de miser uniquement sur des effets minimalistes comme des claquements de porte ou encore des murmures pour nous effrayer. Si cela est bien mis en scène, c’est bien trop peu pour instaurer une ambiance effrayante et malaisante. De plus, on a vu ça dans tellement de films, une recette éculée qui exaspère quelque peu aujourd’hui. Pourtant le film est loin d’être mauvais, le casting s’en sort honorablement et le réalisateur propose quelques bonnes idées de mise en scène. Alors qu’on sommeille, le film sort enfin de sa torpeur pour nous offrir un dénouement plus dynamique et même si les ficelles exploitées sont souvent prévisibles, on passe un meilleur moment. Le film dans sa dernière partie parvient presque à nous tenir en haleine jusqu’à son dénouement.

Le Croque-Mitaine est le film d’horreur vite vu vite oublié. Il n’est pas mauvais mais ce qu’il propose n’est pas assez spectaculaire pour nous faire sursauter sur notre siège. De plus, son intrigue prévisible donne l’impression d’avoir vu ce genre de film à plusieurs reprises ces dernières années. On pouvait le pressentir et malheureusement nos craintes initiales s’avèrent réelles. Mais tout n’est pas à jeter dans cet énième film d’horreur. Certes, il suit une trame assez classique mais la mise en scène, à défaut d’être efficace, est somme toute assez réussie et l’intrigue décide de passer la seconde dans l’approche de sa conclusion pour nous servir un dénouement satisfaisant. Dommage que cela ne soit pas suffisant pour rehausser le niveau finalement moyen de cette nouvelle proposition horrifique.