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C'est le portrait d'un homme, comme le ferait un peintre, comme l'aurait dessiné un portraitiste anonyme, attaché à mettre les traits en lumière, être au plus près fidèle au modèle. C'est le portrait d'un homme qui a deux filles et qui les aime. C'est le portrait d'un homme au tournant de sa vie.

Le quotidien de Gaby s'inscrit dans le mouvement de la nature, les moutons qu'il élève et qui ne font pas de différence entre le samedi, le dimanche et les autres jours de la semaine, cette ferme où il vit seul, dont il s'occupe seul, secondé parfois par le petit Bouchard... Il y a son ami Louis, comptable et mère-poule, attentif et drôle. Et puis ses filles, Marie l'aînée, mariée à un type qui semble faire passer son travail avant tout, Frédérique, la cadette, qui fait du théâtre. Toutes deux habitent Montréal. Ils se voient peu. Ses frères sont partis, sa femme aussi.

Un voisin démantèle son exploitation, une vente aux enchères est organisée. Tout est vendu. Tout. Le démantèlement avance au rythme de Gaby, lui même inscrit dans une logique qui le dépasse. S'attardant sans démontrer, éclairant sans vraiment dire, sauf en toute fin quand Gaby explique à sa seconde fille quelles sont ses priorités, le film de Sébastien Pilote fait le choix de la simplicité sans céder à la facilité. Sans esbroufe, attentif à ses personnages, se mettant au service d'une vérité des faits, des sentiments, des liens unissant ce père et ses filles, il réussit à nous toucher au cœur.

L'émotion nous gagne, monte en nous. On est souvent au bord des larmes. On connait cet homme, c'est notre père, notre oncle, notre voisin, c'est un paysan comme le sont nos ancêtres. On connait Marie et Frédérique, ce sont nos filles, nos sœurs, nos cousines.

Si Le démantèlement nous bouleverse, c'est aussi par la qualité de ses interprètes, Gabriel Arcand en tête, la justesse de ses dialogues, la mélancolie qui l'habite et qui nous prend. Le démantèlement est un film humble mais fier, droit, humain, un beau film.

> Film vu lors d'une avant-première surprise organisée par le Cinéma Le Concorde (>>>), qui devrait, on l'espère, renouveler cette excellente initiative.
pierreAfeu
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le 19 nov. 2013

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pierreAfeu

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