Du Me Too médiéval ?

J'ai lu certaines reproches comme quoi ce film tirait trop sur la corde "Me Too" mais je n'ai pas eu cette impression, ou encore des agacements sur le côté grisâtre de la représentation du Moyen-âge. Ma foi cela ne m'a pas gêné, nous sommes au cinéma et cet aspect de la photographie donne une certaine atmosphère pesante au film qui n'est pas néfaste à cette histoire dramatique.
Le Dernier Duel est certainement l'un des meilleurs films récents de la filmographie (riche mais parfois inégale) de Ridley Scott.

J'ai toujours eu un faible pour les films historiques, les bonnes histoires respectant un minimum la période ou se déroule son récit. Le Dernier Duel malgré une durée assez imposante ne m'a pas paru trop long à suivre.
Je me suis laissé facilement emporter par cette histoire vu de 3 points de vue, 3 façon de découvrir ce qui amènera 2 hommes à se battre en duel. Ces 3 parties ne parviennent pas à éviter une certaine répétition (à titre personnel j'aurais une préférence pour la première), toutefois chaque morceau apporte sa pierre à l'édifice et permet de découvrir une vision différente des faits.
Les protagonistes sont décrits avec soin, leurs conditions et caractères ne sont pas effleurés. Servi par un casting de choix; Jodie Comer, que je ne connaissais pas et qui ne me semblait pas au premier abord l'actrice qu'il fallait, s'avère excellente en femme bafouée mais ayant de la volonté, Matt Damon a acquis du charisme avec les années et incarne un chevalier plus vrai que nature, Adam Driver s'impose avec un personnage ambigu et réussit à ne pas rendre le détestable alors qu'il a violé une femme. On peut s'amuser aussi à reconnaître Ben Affleck en seigneur blond peroxydé.
D'ailleurs on pourrait reprocher à ce film justement de ne pas laisser aucun doute sur le viol, autre point négative c'est la représentation du jeune roi Charles VI en ado puéril, oui je sais que cela peut être considéré comme un pléonasme et que ce roi deviendra fou par la suite mais sans remettre en cause la prestation du jeune acteur, la vision de ce personnage m'a un peu dérangé.

Niveau mise en scène, Scott nous sort la grosse artillerie. C'est le Scott des grands jours, celui qui soigne son film, les rares scènes de combats sont furieuses et bien filmées. Et surtout le fameux passage qui donne son titre au film, donc le duel, est remarquable. Particulièrement violent, filmé avec rage et sans édulcorant, sans non plus l'expédier rapidement, le réalisateur a su que le spectateur a attendu patiemment la fin du film et il a su nous offrir un beau moment de cinéma.