On a jamais lu un livre de Dickens (honte à nous). C'est un peu l'idée qu'on s'en fait. Transposé en ce doux lieu que fut l'Irak de Saddam Hussein sous sanctions internationales et bombardements chirurgicaux de l'oncle Sam. LA qualité première de ce film, de nous rappeler que cette Terre, si petite et épuisable en ressources nous dit on, réunit (enfin les frontières restent là et étrangement Easyjet ne travaille pas à en faire tomber certaines) des mondes totalement disjoints et est comme inépuisable pour ce qui est des théâtres dramatiques.
Plongée donc dans un monde d'un autre temps (enfin pour ceux qui ont la chance d'être né ailleurs). Saisissant rappel.
Troublant en revanche, ce que donne à voir le réalisateur de cette humanité là n'appuie pas l'idée commune et naïve que l'humanité serait du coté des pauvres. On ne croise en ces lieux essentiellement que de bien funestes personnages (des hommes: le mâle tient le pavé, les femmes étant invibilisées dans ces sociétés). Si la violence tombe du ciel, elle germe aussi dans cette terre il faut dire viciée par l'horreur de ce régime politique. Très peu d'humanité donc, on en cherche les traces, hors ce monsieur Poste débonnaire et serviable. Du chacun pour soi. De l'autre on ne retient que ce qu'on peut en tirer. Et chacun de grappiller un peu (et parfois avec de très grosses sales pattes (deux scènes de "commerce" particulièrement sinistres)).
Au milieu de tout ceci, ce duo d'enfants, pas nés de la dernière pluie de bombes. Qui sait jouer s'il faut (et spoiler; IL FAUT) de la fourberie. On suit donc leur déambulation, leur chemin de quête, dans ce théâtre funeste. Et au tombé de rideau, très belle double ponctuation, nul doute, on a reçu quelque chose. Un message a été passé.
N'ayant aucune maitrise de la langue, on est pas certain que les jeunes acteurs accomplissent un miracle (mais c'est globalement ce qu'il leur est demandé, donc félicitations à eux). Tout ce tient, comme la réalisation.