L'Infiltré

Dans "Le général della Rovere" nous suivons Emanuele Bardone, un escroc moitié flambeur moitié loser. Magistralement joué par Vittorio De Sica, décidément aussi bon devant que derrière la caméra. Le film se décompose en deux parties. La première, la plus courte, se passe à Gênes en 43. Bardone se la joue Rocancourt et accumule aussi bien les plans foireux que les dettes. Quelques péripéties plus tard, il se trouve obligé par un officier teuton de jouer l'infiltré en prison au service des nazis en se faisant passer pour un chef de la résistance, une sorte de Jean Moulin transalpin. C'est ce qui constitue la seconde partie du film, la plus longue et la plus intéressante. Alors de quoi ça parle ? D'occupation, de résistance, de collaboration, de prison… Des thèmes pas très originaux au cinéma, sauf qu'avec Rossellini tout sonne juste. Moins tire-larmes que ses autres films sur la WWII, "Le général della Rovere" se concentre principalement sur le destin tragique et pathétique d'un anti-héros. Pas de place pour les veuves et orphelins de 39/45… L’exercice est plus compliqué mais le résultat n'en est que plus marquant. J'ai déjà dit un peu plus tôt que De Sica était remarquable, mais il faut également saluer la prestation de Hannes Messemer qui joue décidément les officiers nazis mieux que quiconque.