Pour faire un film populaire, est-il indispensable de décliner des clichés éculés, de définir grossièrement les personnages, d'écrire des dialogues lourds et de simplifier le scénario à l'extrême? Nous osons croire que non. Néanmoins, Gilles Lelouche n'hésite pas et se jette dedans comme un gros lourdaud dans la piscine.
Tout d'abord, où Lelouche a-t-il été puiser cette improbable et impossible brochette de super losers, tout aussi grossièrement définis les uns que les autres, aux caractères polarisés à l'extrême, aux défauts exagérés, fruits d'une hyperbole passant la juste mesure? Par ailleurs, de tels personnages, véritable condensé de tous les maux de notre société contemporaine, d'un déprimant gaiement affiché, véhiculent tout sauf de la bonne humeur (ce qui est assez paradoxal au vu du genre du film) même si la fin se veut joyeuse. De même, comment susciter chez le spectateur une quelconque empathie étant donné leur grand nombre et le peu de temps qui est concédé à chacun - Lelouche ayant préféré la quantité à la qualité afin de ratisser le plus large possible?
Ensuite, que dire des dialogues souvent mal écrits, bourrés de lieux communs, manquant cruellement d'originalité, affublé d'un humour de basse qualité, vu et revu depuis des millénaires, donnant lieu à des scènes cocasses et saugrenues, parfois même gênantes. Enfin, bien que l'idée de base soit assez osée (natation synchronisée pour hommes parfois “virils”), le scénario se révèle d'une trop grande simplicité, tout y étant cousu de fil blanc, attendu, sans vraies surprises.
Certes, la catharsis opère à travers ce miroir grossissant (il y a toujours pire que moi: plus gros, plus déprimé, plus chômeur, plus ruiné, plus fumeur de shit, plus moqué par les autres, …) et les sentiments positifs (du feel good movie), toutefois, après avoir vu le sens de la fête , le monde est à toi ou en liberté (sans parler des tuche et autres merdes sans nom), force est de constater que la comédie française est en piteux état.