Le Jour où la Terre s'arrêta par TheScreenAddict
Considéré à juste titre comme un grand film du cinéma de science-fiction, Le Jour où la Terre s'arrêta, de Robert Wise, n'a presque pas pris une ride. Non content de livrer une fable politique puissante sur l'absurdité de la guerre, ce classique se permet d'installer les codes d'un genre qui sera éculé à l'infini par ses successeurs. Les scènes de panique planétaire, avec leurs rassemblements hallucinants de foules hystériques, seront l'apanage d'un certain Roland Emmerich (Independence Day, 2012...), la réception de la soucoupe sera détournée par le facétieux Tim Burton dans Mars Attacks... Chaque plan ou presque installe le genre de la SF dans sa forme la plus moderne, sans jamais verser dans le spectaculaire gratuit.
Comme à son habitude, Robert Wise préfère suggérer, plutôt que d'illustrer. Ce qui ne l'empêche pas de pousser la crédibilité des effets spéciaux à un niveau inédit en leur époque. La désintégration des armes et des tanks par le robot Gort, l'ouverture mystérieuse de la soucoupe, tous ces effets restent encore saisissants d'épure et de simplicité poétique. Par les voies de la parabole, le cinéaste universalise littéralement son propos : à travers le regard candide de Klaatu, il renvoie dos à dos Soviétiques et Occidentaux, pour confronter l'humanité à un péril commun. Devant la menace d'être détruits par une force inconnue qui les dépasse, une seule alternative se présente aux hommes : s'unir ou disparaître. Robert Wise ne tranchera pas pour eux. La fin très ouverte du film pose plutôt une question, au fond très ambigüe, voire terrifiante : les différentes menaces de mort qui planent sur notre monde ne peuvent-elles se dissoudre que face à une plus grande promesse de destruction, une destruction totale ? Un film plus que jamais d'actualité.