Je suis une garce aigrie, Bridget est une gentille conne. Help.
Je suis un peu en deuil là. Ca m'énerve.
Et pour cause, je rigole plus devant Bridget Jones. Bridget Jones ! L'icône suprême des femmes du XXIème siècle, avec ses clopes, sa vodka, ses mecs, son appart, son métier de merde, j'en passe. Elle m'agace. Je veux la tarter. Je deviens snob même avec mes comédies romantiques, ça devient grave, que faire ?
En vieillissant je devrais de plus en plus m'identifier à Bridget, son quotidien, ses peurs, ses, euh... ambitions. Et c'est plutôt l'inverse qui se passe. Je ne comprends pas.
Attention, je risque d'être très sévère aux yeux de certains dans la suite de cette critique.
Alors autant dire tout de suite que le bouquin me fait encore rire, que ça m'arrive de le relire avec plaisir, avec certains passages qui restent gravés dans ma mémoire, comme la fois où Bridget explique qu'elle s'était arrêtée de sourire aux gens dans les rues de Londres lorsqu'elle s'était rendue compte qu'un type se branlait dans son dos dans le métro. Ou encore l'humiliation totale du "Mmh... tu es toute moelleuse" de son coup d'un soir de 22 ans. Des trucs à la con comme ça, tu peux les imaginer arriver dans ta vie.
Peut-être parce que Bridget n'est pas aussi conne dans le livre que dans le film, même si ses préoccupations restent... disons, étroites. Ou bien c'est parce que le livre est drôle et un peu moins caricatural. Que les annotations au début de chaque journée avec le nombre d'unités d'alcool, de clopes et autres remarques diverses étaient souvent cause d'hilarité compulsive chez ma petite personne. C'était cliché, ultra cliché même, mais Helen Fielding savait être drôle (du moins jusqu'à l'Âge de raison).
Mais le film ? Tout m'agace. Certes, le message est ultra conventionnel, il remonte à l'époque Disney "I have a dreaaaam" de ses princesses chéries (et j'en aime la plupart), mais j'en ai un peu marre. Surtout qu'ici, on essaie de me faire croire que je ressemble à cette caricature sur pattes. Je ne vais pas être de totale mauvaise foi, oui, moi aussi ça m'arrive de bouffer des sucreries devant un film pour me consoler d'une mauvaise journée, oui, je chante en pyjama quand personne regarde... oui, c'est toute l'imperfection qu'une fille peut reconnaître en soi. Sauf que le personnage de Bridget n'a rien, à côté de ces attributs risibles. Elle est imparfaite, ça c'est clair. Mais pourquoi les personnages du film devraient s'attacher à elle ? Qu'est-ce qui est séduisant en elle ?
Regarde notre héroïne chérie, oh spectatrice, elle est maladroite, pas franchement futée, elle est bien enrobée, elle est carrément con-con, un peu comme toi ! Et elle chope à la fin (j'aurais préféré Hugh Grant, mais bon). Fear not, délicat petit flocon unique et spécial, oh femme tourmentée du XXIème siècle avec ton sempiternel combat carrière - vie sentimentale, ton prince charmant viendra ! Continue juste d'être maladroite et conne, tu trouveras le bonheur (conjugal) quoi qu'il arrive.
Non, ça m'énerve. Que Hugh Grant veule se la taper après l'avoir vue dans sa robe noire qui, il faut l'admettre, la rend bootylicious, passe encore. Que Colin Firth (passons vite sur le fait qu'il est gerbant dans ce film, il l'est), qui ne l'a vue que dans des situations où elle se rendait absolument ridicule, tombe amoureux d'elle, whaaat? Ok, c'est cool qu'il l' "aime pour ce qu'elle est" (le genre de phrases qu'on entend dans aucune comédie romantique), mais qu'est-ce qui EST séduisant chez elle ? Une fille qui passe son temps à s'auto-humilier et se ridiculiser, j'ai plutôt envie de me foutre de sa gueule qu'autre chose. Y a quoi à côté ? Son humour ? Son physique ? Son analyse fine des problèmes politiques de son époque ? Son sens de la gastronomie ? Au final Bridget n'est qu'une quintessence de tout ce qu'une femme peut reconnaître de con et ridicule en elle, c'est un archétype en puissance, tout comme les mecs qui lui passent dessus. Je comprends l'intention, le message, et je comprends même qu'on aime. Chez moi ça fonctionne plus. Ras le bol.
Vous voulez un personnage féminin attachant avec des défauts dans une comédie romantique : Sally Albright. 'nuff said.
Et puis pour l'humour ben... je ris plus. L'accent british rend le visionnage assez délicieux aux oreilles, c'est net, mais je ris plus devant Bridget Jones. Même le personnage de la mère, que j'adorais dans le passé, ne parvient plus qu'à m'arracher quelques sourires voire quelques pouffements. Reste tout de même un superbe eye candy, Hugh Grant en salaud de bas étage. Bon le personnage est ultra caricatural, mais on ne pas bouder son plaisir visuel.
5, parce que quand même, je sais que je suis très sévère.
Au secours, je me snobifie.