Des mensonges inextricables

A la suite d'une rupture amoureuse, une sage-femme va rencontrer un autre garçon, à qui elle va faire croire qu'elle a eu une fille avec lui. Sauf qu'elle appartient en fait à sa meilleure amie, qui a accouché peu de temps avant et qui lui a confié, à la suite d'une dépression post-partum. Elle va vraiment faire comme si c'était son propre enfant, et ce mensonge ne va pas être sans conséquences.

Ce premier film d'Iris Kaltenbäck parle d'un sujet rarement évoqué au cinéma, à savoir le déni. Celui d'une femme qui s'enfonce de plus en plus dans son mensonge jusqu'à se persuader que la fille qu'elle garde est en fait la sienne, de peur de perdre ce type avec qui elle s'accroche. Le sujet est tenu à bout de bras par Hafsia Herzi, dont on ne dira jamais à quel point elle est formidable. Car elle est montrée comme mythomane, menteuse, manipulatrice, mais surtout paumé à la suite de cette rupture qu'on assiste dans les premières minutes, et qu'elle veut en quelque sorte se construire la vie qu'elle aurait aimé réellement connaitre. Mais bien entendu, les conséquences sont très graves, aussi bien pour les véritables parents que pour cet homme, joué par Alexis Manenti (dont la voix-off nous raconte l'histoire en flash-forward), qui vivra constamment dans le déni lui, mais de façon involontaire puisqu'il sera manipulé. Comme le sont les véritables parents du bébé, dont la mère (Nina Meurisse). Même si on peut regretter que ça soit parfois surligné dans les intentions, comme la voix off omniprésente, ou que la mise en scène ne soit pas réellement innovante, difficile de ne pas être ému par cette histoire folle de bébé par une mère substitution, et la douleur que ça implique.