Autant King Vidor séduit par sa mise en scène, autant dans le fond c’est vraiment médiocre.
Par quoi commencer ? Par cette histoire d’amour grotesque ? Ce personnage féminin hystérico-pervers armé de fouet ? La dualité primaire opposant les deux camps, celui de la masse, bornée, grégaire et corrompue aux valeurs du groupe contre celui du solitaire architecte créatif, incorruptible et droit dans ses baskets ? L’écœurante redondance du débat, imbuvable querelle entre les anciens et les modernes ? Les dialogues vite lassants, trop chargés, redondants eux aussi ? L’incohérence du patron de journal et de son changement soudain de cap ? Ou tout simplement le côté baroque du récit ?
Certes, Vidor sait filmer les grands bureaux, les corps qui y discutent et s’y affrontent, la lumineuse carrière de marbre. Néanmoins, la perversité généralisée et le manque de nuance, ajoutés à tout ce qui a été dit précédemment, empêchent à tout moment le film de décoller et de prendre.
King Vidor a atteint les sommets avec La Foule où la réflexion pleine d’humanité sur le collectif qui dissout l’individualité se distingue de Notre pain quotidien, où, dans un monde trop beau pour être vrai, le collectif devient force et ensemble ; ici, le propos est plus radical : aucune empathie ou presque envers le collectif, qui est à fuir absolument, car source d’aliénation et d’infécondité.