Si chaque nouvelle comédie de Jean Dujardin semble être un pas de plus vers l’inévitable retour d’OSS 117, force est de constater que c’est bien dans le rôle d’Hubert Bonisseur de La Bath que nous préférons voir l’acteur. Alors que le récent Brice 3 a eu toutes les peines du monde pour réveiller la fibre nostalgique d’un public français très attaché à cet autre rôle fondateur du monument comique qu’est devenu Dujardin, Le Retour du Héros prend le pari du changement d’époque, transportant l’acteur oscarisé au cœur de l’Empire.


Presque devenue meta depuis la récente annonce du retour de ce « sacré Hubert », la réalisation de Laurent Tirard offre une belle liberté de jeu à Jean Dujardin et sa partenaire à l’écran, Mélanie Laurent. Le duo fonctionne bien, et la plupart des ressorts comiques de ce vaudeville léger et agréable prête à faire rire. Sans pour autant se révéler d’une finesse d’écriture exceptionnelle, Le Retour du Héros répond aux attentes en termes de comédie. On regrettera parfois le basculement dans l’absurde et le surjeu de certains acteurs, sans toutefois que cela ne nuise à la qualité comique de l’ensemble.


La mise en scène, sobre et rarement audacieuse, s’offre tout de même quelques jolis moments de bravoure, notamment grâce à une reconstitution historique convaincante et des costumes d’époque travaillés ; il est heureux de constater que Laurent Tirard se donne les moyens de mettre en scène une véritable comédie d’époque, où les rares anachronismes prêtent à sourire, en témoigne le laïus de Mélanie Laurent sur l’égalité salariale.


Au-delà de son propos comique, Le Retour du Héros propose également une jolie réflexion sur la création littéraire et sur la performativité du mensonge. Se rendant maîtres dans l’art du boniment, Mélanie Laurent et Jean Dujardin tirent les fils d’un huis clos où se conjuguent lâcheté, imposture, mensonge et quiproquos. L’intrigue parvient à s’étirer et retenir l’attention du spectateur en multipliant les coups de théâtre et autres deus ex machina, sans toutefois en faire des éléments dissonants, puisque l’on constate ici une forme de mise en abyme du fond, à savoir la création épistolaire du mensonge, et de la forme, à savoir le scénario même du film.


Décidément « film-véhicule » pour un Jean Dujardin toujours aussi talentueux, Le Retour du Héros est en définitive une petite comédie légère qui se donne les moyens de faire basculer son spectateur dans l’Empire. Sans se révéler d’une finesse incommensurable, la comédie de Laurent Tirard nous donne quand même de quoi patienter jusqu’à l’éventuel retour de Michel Hazanavicius derrière la caméra.


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vincentbornert
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le 15 févr. 2018

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