Le Seigneur des anneaux : La Communauté de l'anneau par cloneweb
C'est vers 1995 que le réalisateur de Brain Dead s'intéresse au Seigneur des Anneaux. Six ans plus tard, et il y a déjà dix ans, sortait sur les écrans la première partie de l'adaptation du roman de Tolkien par Peter Jackson : La Communauté de l'Anneau.
Le projet a pourtant été laborieux à monter. En matière de casting déjà, si certains noms étaient évidents - comme Christopher Lee en Saroumane, l'homme étant un fervent admirateur de Tolkien et lecteur de ses textes - d'autres n'étaient pas forcément les premiers choix de Jackson. Sean Connery avait été pressenti pour incarner Gandalf, mais déclina car ne comprenant rien à l'histoire (c'est lui qui le dit). Stuart Townsend sera remplacé à la dernière minute par Viggo Mortensen pour incarner Aragorn et Sean Astin (Sam) dut prendre du poids pour avoir le droit de tourner.
Le premier -et sans doute le seul- reproche qui a été fait à Peter Jackson et ses équipes est l'adaptation.
Transposer un roman à l'écran correctement est matière à un débat sans fin mais c'est d'autant plus particulier dans le cas du Seigneur des Anneaux que Tolkien a de nombreux fans, parfois hardcores. Et on peut les comprendre : le professeur à Oxford est un des précurseur de la fantasy moderne et ses romans ont inspirés de nombreux écrivains après lui.
Qui plus est, au moment du tournage, les premières fuites n'étaient pas forcément des plus réjouissantes : certaines scènes intéressantes du livre ne seraient pas dans le film (notamment le passage chez Tom Bombadil et celui dans les Hauts de Galgals où, à l'origine, les Hobbits récupéraient leurs armes) et pendant un moment les scénaristes avaient songés à adjoindre le personnage d'Arwen d'une manière ou d'une autre à la Communauté. Liv Tyler avait d'ailleurs tourné des scènes de batailles au Gouffre de Helm, qui devaient figurer dans Les Deux Tours.
Le public a heureusement été sauvé par les piètres performances de l'actrice qui finit coupée au montage et remplacée à l'arrache par d'autres personnages dans les scènes l'impliquant (Haldir à Helm et Elrond dans le Retour du Roi pour remettre l'épée à Aragorn).
Pour le grand public, l'approche n'était pas non plus évidente. La fantasy n'était, du moins en 2001, pas forcément à la mode et certains points pouvaient dérouter, notamment le fait que le héros n'est pas un humain et que le méchant de l'histoire n'est pas un chevalier noir mais un œil géant figé en haut d'une tour, à l'autre bout du pays.
Et pourtant, les premières scènes balayent tout sur leur passage. On commence par une scène de bataille très sombre, pour planter le décor et la légende. Les quelques plans suffisent à démontrer qu'on est là dans l'énorme. Et quand viennent ensuite l'arrivée de Gandalf chez les Hobbits, l'herbe verte, les petites créatures joufflues, les fleurs et la joie des enfants réclamant des feux d'artifice au magicien, on est vite conquis. Pire, le fan de base aura la larme à l'œil de voir son univers si justement transposé.
Mis à part quelques petites touches un peu étranges, comme l'humour nain un peu lourd, la romance un peu pénible, les visuels elfiques assez éloignés de l'imagination populaire et divers arrangement scénaristiques permettant au film de se tenir et irritant le fan de Tolkien, le reste n'est que qualités : les acteurs sont bons, l'univers parfaitement crédible grâce au travail de John Howe et Alan Lee et derrière aux incroyables équipes de chez Weta pour les décors fouillés et les costumes travaillés, la réalisation est époustouflante et la musique géniale... La liste pourrait être longue.
On suit avec passion la quête de la Communauté à travers la Terre du Milieu et ses différents univers. Malgré les différentes races, les langues, les habitudes, tout est fait pour que le spectateur se sente à l'aise, sans verser dans le cliché ni la facilité. Les personnages se développent juste comme il faut, petit à petit, suffisamment pour que le spectateur soit touché par chacune des scènes. Les scènes d'action sont hautes en couleur et, plus on avance dans l'histoire, plus on se sent touchés par ces petits personnages aux pieds poilus et leur quête paraissant si. L'émotion du spectateur est présente, et la balance entre larmes de joie et de tristesse est parfaitement équilibrée.
Certains passages sont désormais absolument comme cultes, notamment grâce à l'incroyable travail d'Howard Shore sur la bande originale. Je pense en particulier aux Mines de la Moria et à la mort de Boromir à la fin du film.
Peter Jackson réussit donc avec La Communauté de l'Anneau à créer un véritable univers cohérent à l'écran, passionnant et prenant. Aidé par un matériel de base déjà fantastique à l'origine, il le transpose avec talent et pose ici la première pierre d'un édifice qui le conduira à son chef d'œuvre absolu : Le Retour du Roi.