Le Seigneur des anneaux : Le Retour du roi par Kliban
Toujours dans la série pourquoi pas 10 ? Voir ma critique sur la Communauté.
C'est sans doute celui que j'aime le moins. Pour plein de raisons. Mais je laisse à 7 parce que je prends toujours du plaisir à le revoir.
Il y a des trucs qui marchent très bien. La bataille des Champs du Pelennor est héroïque. Pas du tout comme dans le livre, mais héroïques. On regrette un peu que Jackson ait trouvé bon de nous faire le coup des morts gagnant la bataille, cela diminue considérablement l'héroïsme des héros. Mais ça marche bien quand même. Sauf le nain. Mais ça, ça ne change pas. Les choix de Jackson à ce sujet sont une calamité.
1. De même que la mort du roi Nazgûl. Ce machin qu'on devrait craindre, qui n'inspire de peur que parce qu'il a un gros machin volant pour monture, et qui se fait immobiliser par un coup de dague dans la mollet assez longtemps pour qu'Eowyn puisse enlever son casque (mais pourquoi est-ce qu'elle enlève son casque avant de le tuer !!! Oo), lui déclamer qu'elle n'est pas un homme et lui enfoncer hop, sans que le bon spectre réagisse, sa lame dans le néant qui lui sert de face. Pssssss. Catastrophique.
2. C'est d'ailleurs réellement dans cet épisode qu'on voit trop le méchant coincé sur sa tour comme un gros phare. Non mais vraiment... Le mal est voilé, chez Tolkien. Barad Dur ne se voit que lors de sa chute. Le Gorgoroth est envahi de fumée. Là c'est pratique : il y a un volcan, mais l'horizon est clair comme sur l'océan après une ondée... Et au milieu de ça, le phare avec sa lampe torche. Grotesque. Le choix du _visible_, du sur-visible, même, qui est l'option esthétique majeure de Jackson, produit là plus de rire que de terreur. Tiens à propos de visible, regarde comme c'est joli ma tour qui s'effondre, ça aurait été trop bête si tout avait été dans un nuages de brume sanieuse qui s'ouvre et se referme avant qu'on voie bien tous les éclats voler ?
3. Non, le bisou publique d'Aragorn et d'Arwen, avec les elfes qui font clap-clap comme dans les films américains, avec l'air archi-niais d'un pot de fleur qui viendrait de rencontrer une courgette, non, ça ne passe pas.
4. Et la mort de Saruman, elle ne passe pas non plus. Gandalf, quand il "meurt", il se passe des choses. Saruman, quand il meurt, rien. Ca fait sprotch. Qui était Saruman ? On ne peut le savoir. Juste un pov magot de D&D que le mal a corrompu. Sa mort stupide n'apporte rien.
5. Non, Denethor, non. Pas à ce point de veulerie là. Surtout qu'on peine à comprendre (une réplique, cryptique, l'indique aux fans) que sa déchéance est due à un Palantir qu'il aurait mieux fait de ne pas utiliser.
6. Aragorn et le palanthir, tiens. Non plus, désolé. Le livre indique clairement qu'il plie la pierre à sa volonté. Tout est décidément fait pour qu'Aragorn, au fond, n'ait pas l'air du roi que Tolkien veut en faire, mais d'un gentil souverain qui veut pas le pouvoir, presque un démocrate, tiens, qui veut gouverner en paix. Bref. pas le descendant d'un Numénoréen qui a le pouvoir royal littéralement dans le sang.
Mais bon, à par la mort du Roi-Sorcier d'Angmar (le vilain méchant Nazgûl), il n'y a rien qui ne marcherait pas du tout dans ce fil - qui serait une incohérence dans le monde recréé par Jackson. Juste des choses qui achèvent de m'éloigner des Terres du Milieu que je connais. Mais bon. C'était le parti-pris assumé de Jackson : il savait que sur certains plans, ils ne plairait pas.
Au fond, ce que je lui reproche n'est pas d'avoir adapté Tolkien. Mais de l'avoir considérablement aplati.
Et il y a de fort belles scènes. La charge des Rohirrim est une réussite. La rencontre de Faramir et d'Eowyn un beau moment plein de délicatesse - pour une fois. Et j'apprécie beaucoup la fin. Que je trouve courte. Ya que les gens qui n'ont pas lu le livre pour la trouver longue :D
P.-S. : ici comme pour les autres films de la trilogie, mes notes baissent, à mesure que le choc premier des reconstitutions visuelles (toujours éblouissantes) cède le pas devant la superficialité narrative et poétique des films, qui ne savent qu'en de trop rares scènes diffuser quelque chose du parfum essentiel de l'oeuvre de Tolkien.