Avec ce deuxième volet du Syndicat du Crime, John Woo atteint l’équilibre parfait entre film de gunfight et soap. J’en veux pour preuve la façon dont il réintroduit Chow Yun-Fat dans l’équation : son personnage, Mark, meurt à la fin du premier opus ? pas grave, il jouera dorénavant Ken, frère jumeau de Mark, qui en est aussi le décalque ! Brillant, simple et digne d’un épisode de Newport Beach ! On retrouve également ce goût prononcé pour le kitsch dès la scène d’ouverture : un concours de danse sur fond de Beau Danube bleu bontempiesque.
L’intrigue capitalise d’abord sur les habituelles fondations "crime organisé/infiltration/famille" (avec le retour des frères interprétés par Lung Ti et Leslie Cheung) avant de se diviser en deux lignes narratives bien distinctes entre Hong Kong et New York, ce qui amène un peu de confusion (j’ai appris depuis grâce à la critique de Ryo_Saeba que cela était du aux divergences entre John Woo et Tsui Hark sur la ligne directrice à tenir). Malgré certaines scènes un peu pénibles, on a quand même le droit à de réjouissants moments d’actions (notamment la fusillade dans un appartement puis les rues de New York).
Le film vaut en fait surtout pour son final énormissime, une fois que tout ce petit monde se retrouve à Hong Kong dans la villa du bad guy pour en découdre. J’ai l’impression que Woo explose tous les scores en matière de bodycount dans cette scène tant les hommes de main tombent comme des mouches, semblant se jeter sur les balles d’un quator vengeur, au point de repeindre littéralement les murs blancs de rouge. L’accumulation d’excès pourrait prêter à sourire mais, à un moment donné, on bascule dans un tout nouveau niveau de too much qui donne le tournis. Au milieu de ce chaos, Woo réussit à ménager pour Chow Yun-Fat une belle scène de duel à l’ancienne, direct écho à l'obsession du réalisateur pour cette notion de chevalerie un peu désuète...