La poignée de comédies et scénarios de Norbert Carbonnaux s'est souvent distinguée de la comédie populaire commune par un ton et une singularité loufoques dignes d'être soulignés. "Le temps des oeufs durs" -titre croquignolet- est probablement le meilleur film du cinéaste. Il permet, d'ailleurs, à Darry Cowl, de composer un personnage attachant dans le style qui est le sien, mais sans les outrances.
Darry Cowl est un chauffeur de taxi qui gagne une grosse somme à la loterie et qui, pour les beaux yeux de la fille d'un peintre médiocre (Fernand Gravey), achète à l'insu de ce dernier, ses "croûtes". C'est la fin des "oeufs durs" (de bistrot) pour l'un et l'autre. Ça a l'air d'une comédie courante des années 50 mais, très vite, on s'aperçoit de la causticité que l'auteur met dans les dialogues, de l'application qu'il met dans la mise en scène.
Par conséquent les comédien(ne)s, auxquel(le)s il faut ajouter Julien Carette et Béatrice Altariba (partenaire de Darry Cowl dans les deux "Triporteurs"), sont bons et éloignés de toute forme de cabotinage. On le mesure encore lorsque la comédie , suivant la bonne fortune du peintre qui le rend méprisant et vaniteux, se fait fable. Le scénario témoigne de concision et introduit de bonnes idées dans ses facéties.