Homme de mains dont l’efficacité n’est plus à prouver, Léon exécute ses contrats avec sérieux et rigueur. Méthodique, discret il incarne un Hitman pourtant maladroit et attendrissant lorsque sa force va devoir laisser place à ses sentiments.

Démarrant avec une violence froide et mature grandiose, Léon propose de suivre le quotidien de ce tueur à gage à travers un scénario des plus simpliste mêlant crimes, vengeances, gros calibres et fusillades à gogos. Luc Besson semble alors maitriser son sujet en proposant, durant la première demi-heure, de très bonne scènes d’action, d’infiltration et de suspense. La mise en scène est somptueuse et l’esthétique irréprochable, servant l’action de la plus belle des façons. Cependant, cette violence ne trouvera, au final, jamais de justification et même de logique. Elle sert juste de terrain de jeux entre les deux camps s’affrontant pour une cause jamais explicite. Luc Besson s’engouffre ainsi dans une indigeste apologie de la violence, il s’amuse à la filmer mais oublie de lui donner un sens.

La deuxième erreur de Besson, bien plus grave, réside dans son choix de personnages. Voulant donner une dimension sentimentale à son film, il imagine la rencontre entre ce tueur approchant la cinquantaine et une lolita dévergondée entrant tout juste dans l’adolescence. Toute la deuxième partie du film sera alors accès autour de cette relation naissante totalement improbable dans laquelle la jeune Mathilda va tenter d’humaniser Léon, à première vue inapte à ressentir. Malgré un casting impressionnant, révélant notamment le talent immense de Nathalie Portman à ses tout débuts, Luc Besson ne parviendra malheureusement jamais à diriger ses acteurs dans une direction bien définie et finalement, l’union des deux personnages ne parviendra jamais à créer la moindre émotion chez le spectateur. Pire, elle ne sera jamais remise en cause restant alors indigeste, illogique et malsaine.

Au final, Léon est un film à double facettes. Il propose une part d’infiltration et d’action à la mise en scène, à l’esthétique et à l’inventivité agréable mais fait l’erreur d’y ajouter une part bien trop grande de pseudo-romance passionnelle et improbable. Le mélange difficile tourne alors vite à l’indigestion car Luc Besson ne sortira jamais d’un premier degré basic, oubliant toute réflexion sur le sujet et laissant ainsi le spectateur de marbre et totalement distant. Reste alors quelques miettes: un très bon jeu d’acteurs et la beauté des scènes d’actions à la morale tout de même dérangeante et qui finalement ne sont qu’une copie conforme du moule basique Américain… bref, autant dire pas grand chose.
SlimGus
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le 1 nov. 2012

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Gaylord G

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