Ça faisait presque 20 ans que je n’avais pas revu Léon et j’appréhendais un peu la version longue. J’avais lu partout qu’elle levait toute ambiguïté, que ça basculait vers quelque chose de “malsain”.
Au final je n'ai pas trouvé.
Certes la version longue insiste davantage sur ce que ressent Mathilda mais ça reste totalement cohérent avec son âge et son traumatisme.
Elle est crue, directe, frontale, mais c’est compréhensible : elle vient de perdre toute sa famille dans un choc atroce, elle a grandi sans vraie bienveillance dans une famille dysfonctionnelle. En plus dans une période où elle entre en pleine adolescence, une période où les émotions débordent et se mélangent.
Dans cette tempête la seule personne qui lui reste est Léon qui lui ouvre la porte et lui sauve la vie. Forcément elle s’y accroche, elle confond admiration, affection, besoin de protection… et pense “être amoureuse”.
En face Léon ne renvoie jamais cette ambiguïté, il la remballe constamment. Il est gêné, maladroit, fermé émotionnellement, presque asexué. L’affection qu’il a pour elle est protectrice, humaine, quasi paternelle.
Même le “je t’aime” final sonne pour moi comme un “je t’aime humain”, un merci, un adieu mais pas une déclaration amoureuse de la part de Léon.
La version longue peut rendre quelques scènes inconfortables, mais uniquement parce que Mathilda est perdue, traumatisée et z du franc parlé. Rien ne vient d’une intention douteuse du personnage de Léon. Deux êtres paumés qui se sauvent mutuellement, chacun à leur manière.
Et au-delà de ça, j’ai adoré l’ambiance, la musique, la mise en scène…
Un vrai plaisir de redécouvrir le film.
8/10