2004 :

Le maître des chorégraphies old school prône le vrai kung fu plutôt que la magie illusoire mais ne respecte pas ce précepte puisqu'il faut attendre les 25 dernières minutes pour avoir droit à une vraie démonstration d'arts martiaux et découvrir enfin les 18 armes légendaires. En tant qu'amateur de kung fu qui dépote, j'ai donc beaucoup de mal à trouver mon bonheur dans ce maelström de comédie typique, d'idées loufoques et de combats "truqués" que Liu Chia Liang dénigre par le biais de punitions méritées mais qu'il utilise pourtant comme spectacle tout au long du film. Le rythme est pourtant assez soutenu mais tout cela reste majoritairement une suite de petites scènes, trips magiques et comiques pas franchement convaincants.
Heureusement, le Sifu vient lui-même remettre de l'ordre à son propre foutoir en nous offrant d'abord un combat contre son demi-frère Gordon Liu, juste agréable, puis une démonstration finale de haute volée avec un nombre d'armes inégalé qu'il maîtrise toutes à la perfection. Ce combat est vraiment extraordinaire de maîtrise martiale. Liu Chia Liang et Lau Kar Wing y sont réellement très impressionnants et ce duel assez long se place clairement en tête des combats old school avec le final des 8 Diagrammes de Wu Lang.

2014 :

Il m'aura fallu dix ans pour revoir mon tout premier Liu Chia Liang et environ 1000 kung-fus plus tard, forcément : c'est une tuerie... Je ne suis pas trop étonné de mon avis ci-dessus vu que ce film est complètement fou (exactement Djee) et pas forcément aisément apprivoisable, surtout pour qui aime le kung-fu vengeur hargneux et compréhensible. Il faut bien se coltiner une suite quasi-ininterrompue de subterfuges et de camouflages qui peuvent légitimement frustrer.

Cette histoire qui consiste à trouver Maître Yoda, Liu Chia Liang lui-même, qui se garde bien de montrer qu'il est un grand maître avant la partie finale, est des plus simpliste mais possède un charme unique, un rythme incroyable, avec en plus une bien belle photo en studio chaleureuse, mais surtout une dose d'arts simili-ninjas, de magie taoïste et de chorégraphies toutes à classer dans les classiques du genre, incroyable d'énergie et d'inventivité. Il faut vraiment être aveugle pour ne pas s'en rendre compte sans déconner...

Il y a bien des combattants magiques et autres combattants spirituels assez différents de ce à quoi on peut s'attendre connaissant par exemple "Histoire de fantômes chinois", une bonne dose d'humour cantonais qui n'est pas non plus forcément facile à avaler. Découvrir l'excellent et regretté Alexander Fu Sheng dans ce personnage de trublion manipulateur grimaçant qui ne sert à rien peut être grandement perturbant pour qui débute le kung fu old school Shaw Brothers en ayant jusque là pour référence Jackie Chan, Bruce Lee ou Jet Li... Ça n'a rien à voir...

Mais comment ne pas voir le génie de Liu Chia Liang à l'oeuvre derrière ces apparentes pitreries ? On se le demande... Choyant ses petits protégés, Hsiao Hou, Kara Hui et Gordon Liu, instaurant une douce atmosphère paternelle et bienveillante propice à l'apprentissage des véritables arts martiaux, ceux des 18 armes légendaires, Liu Chia Liang réalise clairement une référence et instaure avec son frère Lau Kar Wing une comédie kung-fu unique mêlant violence et énergie comique dans un seul bain.

Cette histoire schématique ne va pas beaucoup plus loin que le vieux maître qui refuse d'avilir son art pour une superstition qui consiste à se croire invincible aux balles de fusils occidentaux, mais quelle ambiance, quel esprit Liu Chia Liang partout aux quatre coins du cadre. Mea culpa Sifu, j'étais à l'époque encore ignorant du véritable esprit martial, celui qui se cache partout et envahit le moindre instant.

Et puis toujours cette démo d'intro et surtout ce long combat final qui sont vraiment ahurissants. Ce dernier n'a toujours aucun concurrent 30 ans plus tard.

Sans oublier les Shurikens, l'ombrelle, l'éventail, le crochet, c'est un véritable catalogue d'armes blanches mis en oeuvre dans des lieux aussi originaux que le toit d'une maison ou une ruelle étroite réutilisés à l'excès bien plus tard.

Les 18 armes légendaires dans le film :
1 - Shuang Gou : twin hooks / crochets du tigre
2 - Shuang Chui : double hammers / double marteaux
3 - Shuang Fu : double axe / double hache
snake halberd : hallebarde courbe / lance serpent
broad blade / sabre large
4 - Shuang Dao : twin blades (double sabre)
5 - Jian : straight sword / épée droite
6 - Dao : single blade / sabre
7 - Qiang : Tassel spear / lance shaolin (avec la petite frange rouge au bout)
- three section chain whip / fouet de chaîne à trois sections
8 - Emeici : double dagger / double dagues
- double crutch (double tonfas)
9 - Yue Ya Chan : crescent moon spade ou moon shaped spade (Bêche Croissant de Lune)
10 - Gun : stick ou staff / bâton shaolin
- three pronged fork (fourche trident)
- shield (bouclier)
- broad sword / épée large
11 - San Jie Gun : three sectioned staff / tri-bâton shaolin / Sansetsukon)
- straight sparring (mains nues)

Plus traditionnellement viennent s'ajouter :
12 - Fu Zi (Axe / Hache)
13 - Jiu Jie Bian (Nine Sectional Chain / fouet de chaîne à 9 sections)
14 - Mu Yang Bian (Whip / fouet)
15 - Shuang Qiang (Double Spear / double lance)
16 - Pu Dao (Long Staff Broad Sword / sabre long)
17 - Chun Qiu Da Dao (Broad Swords / épée large)
18 - Damo Zhang (Bodhidharma's Stick / bâton Bodhi-dharma)
Celles-ci ne sont pas toutes dans le film.

Bref, il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis.

Créée

le 2 oct. 2010

Modifiée

le 27 mai 2014

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drélium

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