Si, cette année, les "Thunderbolts" ont fait relever qualitativement la tête du MCU après un "Captain America: Brave New World" particulièrement oubliable, on comptait désormais sur "Les 4 Fantastiques" pour amorcer un vrai rebond et ouvrir une Phase 6 digne de ce nom.

D'abord, parce qu'il marque enfin l'entrée officielle de cette famille emblématique de super-héros du catalogue Marvel (ainsi que beaucoup d'éléments-clés qui leur sont rattachés) dans cet univers cinématographique interconnecté au bout de son trente-septième film, et ce après deux tentatives d'aventures solos (on compte les officielles) chez la Fox qui auront peiné à pleinement convaincre... même si tout n'y était pas à jeter.

Ensuite, car le long-métrage est plus ou moins le préambule à quelque chose de bien plus grand au sein du MCU, les Quatre Fantastiques appelant forcément dans leur giron leur plus vile némésis: le Dr. Doom (Fatalis en VF), amené à jouer un rôle décisif dans les prochains "Avengers", mais aussi, en priorité ici, le lore du Surfeur d'Argent, avec Shalla-Bal, son alter ego féminin, et, bien évidemment, Galactus, enfin représenté à sa juste valeur de dévoreur de planètes et non comme le simple nuage de poussière apparu dans le piteux "Les Quatre Fantastiques et le Surfeur d'Argent" de 2007.

Enfin, parce que retrouver Matt Shakman, réalisateur de "Wandavision" (la première et meilleure série du MCU à nos yeux), a la tête d'un univers alternatif rétro-futuriste pour introduire les 4F en forme d'hommage aux comics où la signature incontournable de Jack Kirby était apposée sur la couverture, ne pouvait être que la promesse alléchante d'une proposition au moins artistiquement plus singulière au sein de longs-métrages souvent vus comme sortis d'un même moule industrielle.


Et, sur ce dernier point, "Les 4 Fantastiques: Premiers Pas" sort le grand jeu d'emblée en nous présentant ses héros à l'aura bien installée sur cette Terre-828 (hommage à la naissance de Kirby) et ce New York sorti tout droit d'une imagerie digne de l'âge d'or des comics.

Par l'intermédiaire du reportage TV d'un late show, Matt Shakman survole leurs origines désormais bien connues et une partie de leurs combats antérieurs comme le feraient les cases introductives d'un vieux comicbook qui apporterait avec lui la lumière de souvenirs d'enfance à un adulte l'ayant retrouvé par hasard dans un coin de son grenier pour en feuilleter à nouveau quelques pages. Tout dans ce monde est simple car tout semble y reposer sur les Quatre Fantastiques, symboles d'espoir vers lequel la Terre entière se tourne en cas de n'importe quel danger en sachant que, quoiqu'il advienne, ils triompheront par leurs pouvoirs cosmiques, leur génie scientifique avant-gardiste et leur esprit de famille.

À l'inverse d'une fournée de super-héros supra-torturés ayant foulé le grand écran ces dernières années, "Les Quatre Fantastiques" sont ici un soleil autour duquel gravite tout leur l'univers et, bon sang, que cela fait un bien fou de retrouver une approche si optimiste tant elle est maîtrisée par un réalisateur qui en comprend les codes et met tout son savoir-faire visuel, en partie -on l'imagine- acquis sur l'ambiance de sitcoms désuètes de "Wandavision", au service de cette BD d'une autre époque en train de prendre soudainement vie sous nos yeux et parfaitement incarnés par son quatuor d'acteurs (n'oublions pas Herbie aussi, un membre du groupe à part entière !).


Bien évidemment, alors que nos 4 Fantastiques s'enrichissent d'un futur petit membre, des nuages du fin fond de l'espace vont vite venir recouvrir quelque peu le manichéisme solaire de ce monde pour en annoncer la fin via la voix de sa Surfeuse d'Argent, hérault d'un Galactus à l'appétit apocalyptique. Avec cette menace qui dépasse tout ce que les Fantastiques ont pu affronter et qui, de surcroît, les met face à leur plus terrible dilemme devant ceux qu'ils se sont jurés de protéger, le film va dès lors chercher à bien plus faire douter et malmener ses héros au fil de péripéties où, sans cesse au pied du mur (et du pied littéral) de la toute puissance de Galactus, ils vont devoir redoubler d'efforts d'ingéniosité, d'unité et de leur aura d'espoir pour finalement mériter une nouvelle fois leur rôle de pivot acquis depuis de nombreuses années au sein de leur univers... Et par-là même s'imposer vis-à-vis de nous, spectateurs, comme les super-héros incontournables qu'ils sont, ou du moins devraient être, en arrivant à l'intérieur du MCU et de son avenir.


La mission est accomplie pour ces 4 Fantastiques ! Car, par le choix astucieux de casser la routine habituelle des précédentes adaptations en privilégiant un autre cadre, des héros déjà installés et des liens connus bousculés par l'arrivée d'un certain petit chenapan pas les autres, ces "Premiers Pas" parviennent sans mal à se démarquer des précédentes adaptations pour en devenir la meilleure et la plus aboutie, notamment par le traitement de son excellente Surfeuse d'Argent et de ses blessures bien mieux mises en valeur qu'avec son équivalent masculin (et en plus, elle surfe vraiment !) et, bien entendu, d'un Galactus vu enfin à la hauteur de son gigantisme démesuré. Concrétisés par d'impressionnants morceaux de bravoure qu'induisent leurs confrontations aux 4F (aussi bien dans l'espace que sur la Terre avec un final kaijū-esque très réussi), tous deux marquent un danger inconnu et fou à la taille de ce qu'ils sont dans les comics et vont particulièrement bien résister à leurs adversaires terriens pour les laisser toujours plus désemparées et ainsi mettre en relief leur esprit collectif immuable dans les situations les plus désespérées.

En cela, les 4 Fantastiques marquent l'entrée plus que de nouveaux personnages mais d'une vraie famille soudée et prête à prendre un rôle de leader devant les importantes menaces réservées par le futur du MCU.


Il manque juste peut-être un supplément d'émotion au film de Matt Shakman pour se poser en total hit du MCU.

Tout ce qui entoure le bébé et sa mère Sue n'engendre parfois qu'une série d'événements convenus où l'on sent bien que l'on cherche à nous arracher quelques larmes dans les ressorts les plus dramatiques sans que cela ne prenne vraiment. Ce que le long-métrage a de plus touchant à délivrer se trouve en réalité dans le lien qui se construit entre Johnny Storm et Shalla-Bal, culminant dans un superbe face-à-face où le métal du surf paraît plier sous le poids de la souffrance de sa propriétaire, et la résilience dont font preuve les 4 Fantastiques en se lançant à l'unisson et à corps perdu sur le champ de bataille afin de protéger le monde qu'ils aiment tant alors que tout semble les mener à leur perte. À ces moments, l'excellente composition rétro de Michael Giacchino où des chœurs de "Fantastic Foooouuur" résonnent ne peut que nous faire vibrer avec elle et les héros qu'elle célèbre.


Mise à part cela, en revenant aux sources de leurs contours imaginés par Jack Kirby, ces Quatre Fantastiques le sont autant que leur nom peut laisser à penser et font des "Premiers Pas" de cette Phase 6 un long-métrage hautement recommandable du MCU, d'autant qu'une scène post-générique (la première, la deuxième est anecdotique) vient encore plus donner envie de les revoir rapidement dans les films -on l'espère- majeurs à venir, surtout avec la présence inquiétante qui s'y dévoile.

RedArrow
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le 24 juil. 2025

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RedArrow

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