Quand Rachel Ward était la plus belle femme au monde...

Les « Cadavres ne portent pas de costard » s’ouvre sur un accident de voiture – criminel, comme l’on apprend dès la deuxième scène. La sublime Juliet Forrest (Rachel Ward), vient en effet trouver le détective privé Rigby Reardon (Steve Martin), pour lui demander de trouver l’assassin de son père. La bizarrerie des détails saute immédiatement aux yeux et annonce le caractère loufoque de l’œuvre.


Reardon s’attelle alors à la tâche, propulsé par ses intuitions qui l’amèneront à vivre de nombreuses péripéties plus folles les unes que les autres, se voir extirper goulûment plusieurs balles de la peau d’une curieuse manière par Juliet, et côtoyer des acteurs légendaires du cinéma américain : Barbara Stanwyck, Humphrey Bogart, Bette Davis, James Cagney pour ne citer qu’eux… Le courageux Reardon finit par résoudre l’affaire à l’aide d’un dévoué admirateur Péruvien et de l’assistance de la belle Juliet.



Juliet Forrest: “Will two hundred dollars be enough in advance, Mr Reardon?”
Rigby Reardon: “Two hundred, I'd shoot my grandmother.”



Si le « casting » est aussi incroyable, c’est par la construction originale du film, onze ans avant la réalisation de « La Classe américaine » par Michel Hazanavicius. En effet, il est constitué de bouts spécialement tournés pour le film, et d’extraits récupérés d’une vingtaine de longs-métrages de légende. Il diffère toutefois de l’enquête sur les derniers mots de George Abitbol par sa volonté de récréer minutieusement les décors des films desquels il est issu : par ce biais, Steve Martin peut ainsi donner la réplique de manière convaincante et crédible aux autres personnages.


Les « Cadavres ne portent pas de costard » s’appuie sur un humour de situation absurde, et sur des gags à répétition : la propension de Reardon à se transformer en maniaque psychotique à la mention des mots « femme de ménage », l’habileté de Juliet à ‘aspirer ‘ les balles de pistolet hors du corps à la manière d’un venin, etc. Et bien sûr, sur une flopée de dialogues acérés tous plus savoureux les uns que les autres.



Juliet Forrest: “If you need me, just call. You know how to dial,
don't you? You just put your finger in the hole and make tiny little
circles.”



Ce qui fait néanmoins tout le charme du film, c’est bien de voir Steve Martin côtoyer toutes les immenses stars Hollywoodiennes de l’époque, souvent mises en situation de manière parodique. Le film fourmille de références au film noir, et il me semblerait intéressant de le revoir une deuxième fois après avoir visionné tous les films dont il est extrait, afin d’apprécier pleinement le travail de montage effectué.


Steve Martin et Rachel Ward forment un duo dynamique et plein d’alchimie, le premier excelle dans son rôle de détective privé caractéristique des films noirs américains. Quant à la seconde… elle est absolument superbe et dégage l’un des charismes les plus fous que j’ai pu voir à l’écran. Dommage que Rachel Ward ait si mal vieilli…


« Les Cadavres ne portent pas de costard » est pour moi un film très réussi, qui présente l’avantage d’être amusant même sans posséder une culture immense des vieux films américains. Pour un véritable fan de l’époque et du genre de film noir, il doit en revanche être particulièrement savoureux.



Rigby Reardon: “When I arrived, I thought of the words Marlowe had said to me over fifteen years ago: Dead men don't wear plaid. Huh. Dead men don't wear plaid. I still don't know what it means.”


Aramis
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le 2 janv. 2015

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