Les Chèvres du Pentagone par TheScreenAddict
« Écoute le Jedi qui est en toi » murmure George Clooney à Ewan McGregor, alors qu'ils attendent la mort au fond d'un cachot irakien. Savoureux clin-d'œil au guerrier inter-galactique qu'interprétait le même Ewan McGregor dans la cultissime saga Star Wars. La scène la plus hilarante de cet OVNI cinématographique que sont Les Chèvres du Pentagone. Une parodie de film de guerre inspirée de faits soi-disant réels, une peinture délirante du conflit irakien où l'absurde côtoie le grotesque. Une brochette d'acteurs visiblement amusés par leurs rôles de combattants de pacotille, joyeux illuminés entraînés à devenir des soldats télépathes de choc. Le film s'ouvre sur Stephen Lang jouant les passes-muraille, se rétamant lamentablement contre le mur qu'il essaie de traverser pour épater ses supérieurs. Parodie de Quaritch, le Colonel inoxydable d'Avatar ? Peut-être bien. Le film de Grant Heslov passe à la moulinette hippie tous les classiques contemporains traitant de la guerre en Irak : Jeff Bridges se prend pour un Timothy Leary troupier, Kevin Spacey joue un Lester Burnham reconverti en chieur du régiment (un peu de substance hallucinogène dans son verre et ses confrères prennent leur revanche), George Clooney est un doux dingue capable de dissiper les nuages et de tuer une chèvre par la pensée. Une grande farce sous LSD ? Pas tout à fait. Ou plutôt, pas jusqu'au bout. Le délire ne tient malheureusement pas la distance. Trop ponctuel, trop rare. On aurait aimé voir un déchaînement de scènes délirantes, une montée en puissance dans l'hallucination. Mais Les Chèvres du Pentagone souffre de la même lacune que Démineurs, installant son spectateur dans une regrettable routine narrative, inhibant peu à peu l'intérêt dramatique. Un film plaisant, certes, mais pas impérissable. Trop timide pour marquer durablement les esprits. Un bon moment quand même.