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Le cinéma de Richard Fleischer est un cinéma passionnant qui s’est frotté à tous les genres avec un certain talent, accouchant ici et là de très grands films. Au début des années 1970, il a enchaîné un certain nombre de films pas parmi ses plus célèbres mais qui portent une authentique marque, à savoir celle du désenchantement. Les Complices de la dernière chance n’échappe pas à ce ton mélancolique où la vie de son personnage principal est marquée par les drames et un abandon. Dix ans après avoir tourné le dos à sa vie de truand, il décide d’y replonger pour se sentir vivant même si, on le comprend, tout de suite, cette démarche le conduire à sa perte. L’intrigue policière est un prétexte. Ce qui importe au réalisateur et à sa star, c’est le portrait de ce personnage désœuvré qui cherche à redonner un sens à son existence. Cela passera par un couple d’une nouvelle génération avec qui les rapports ne seront pas simples à bâtir.


Le film repose sur deux qualités essentielles : le jeu de Georges C. Scott, comme toujours excellent, et une caméra maligne qui sait où se poser pour mettre en valeur les superbes paysages que le trio traverse et saisir la fulgurance de ses quelques scènes d’action. Mais attention, que l’amateur d’action et de polar ne se laisse pas griser par le pitch et deux scènes de course-poursuite (un peu trop longues d’ailleurs). Le film s’apparente davantage à un drame qu’à un film policier, il s’y passe peu de choses et on est, en grande partie, enfermé dans la superbe BM décapotable de 1957 de son personnage principal. Le film privilégie une certaine lenteur pour mieux saisir le portrait de ses personnages que l’action pour faire avancer un récit qui, très honnêtement, tourne plutôt en rond. La péripétie principale du film qui intervient au milieu laisse penser que l’ensemble va changer de ton alors que le récit, avec une certaine ironie, fait, à l’image de ses personnages, demi-tour.


Le résultat est bien fichu avec la très belle musique de Jerry Goldsmith, mais aurait quand même mérité davantage de péripéties et, surtout, un final moins convenu. C’est le principal reproche qu’on peut faire à l’ensemble : sans être un récit tragique, l’histoire a du mal à surprendre et les personnages qui entourent le personnage principal restent très caricaturaux voire fonctionnels. On comprend bien que le sujet n'est pas l’ennemi qui traque le trio, mais le film aurait certainement pris une tout autre envergure si les antagonistes avaient plus d’épaisseur. L’un n’empêche pas l’autre, et cette lacune rend le résultat moins puissant qu’il aurait pu être.


6,5

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le 7 nov. 2025

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